Le discours de haine sur Facebook: où s’arrête la liberté d’expression?

21 Septembre 2012
Critère de discrimination: Racisme

“Je n’ai plus que faire des arguments de cette vermine musulmane. Nous devons nous préparer à exterminer ces psychopathes arriérés, nés de relations consanguines”
“Les violeurs musulmans arrivent, protégez nos enfants, combattez l’islam pour moi”
“Sale chien (…) Je vais venir vous bombarder, je ne sais pas où tu habites, mais attends et un de ces jours, tu verras”
Il s’agit là de quelques exemples des messages qui circulent actuellement sur des pages Facebook à caractère raciste.

Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme tire la sonnette d’alarme depuis qu’il enregistre des signalements de citoyens inquiets, insultés de manière totalement arbitraire, voire menacés sur ces pages. Après analyse, Le Centre a déposé plainte contre trois de ces pages Facebook : Fans van Allah, Hoe schijt ik op moslims (Comment chier sur les musulmans) et ’t is altijd iets met de islam (Il y a toujours quelque chose avec l’islam).

Ces pages sont un exemple du discours tenu sur Facebook, et qui sous le soi-disant couvert de l’humour visent l’islam et les musulmans. « Ces derniers temps, le Centre a été contacté par des personnes se retrouvant malgré elles visées par des propos racistes sur ces pages Facebook. Leur photo avait été repiquée d’internet, on leur prêtait des propos qu’ils n’avaient pas tenus, propos suivis d’agressions verbales et d’insultes », explique Edouard Delruelle, directeur adjoint du Centre.

La confrontation avec les musulmans est manifestement recherchée sur ces pages, tout comme les réactions qui y figurent incitent également à la haine et à la violence. Le Centre a pu le constater et c’est également ce qui ressort d’un rapportage qui a été diffusé à ce propos sur la chaîne de télévision VRT. C’est cette tendance à l’escalade dans l’incitation à la haine et à la violence, ainsi que la volonté de régler finalement ce conflit dans la vie réelle, qui inquiète le Centre.
Pour rappel, le Centre accorde une importance toute particulière à la liberté expression, même lorsqu’il s’agit de propos « qui heurtent, choquent ou inquiètent », comme la Cour européenne des droits de l’homme l’a établi.

« En principe, on peut tout dire ou écrire, pourvu que les propos n’incitent pas volontairement à la haine, la violence ou la discrimination. Le Centre n’est pas une police de la pensée et n’irait pas en justice contre de simples déclarations moqueuses à l’encontre de l’islam. Par contre, les propos qui se transforment en actes et qui appellent à la haine, la violence ou la discrimination, et avec lesquels l’auteur a l’intention d’aller plus loin que la « simple » insulte, sont non seulement inacceptables mais également interdits par la loi, peu importe l’individu ou le groupe de population qui est visé par ceux-ci », précise Edouard Delruelle.

« Ces pages contiennent des menaces organisées et précises. Nous avons à plusieurs reprises mais sans succès pris contact avec les modérateurs de la page Facebook en question, à propos des discours racistes et xénophobes qui figuraient sur leurs pages. Dans certains cas, il a été impossible de joindre les modérateurs qui étaient absolument anonymes. Il faut appeler à mettre un frein à cette tendance. Le Centre ne manquera pas d’intervenir contre tout délit de haine, qu’il s’agisse de ce type de discours islamophobes ou de messages de haine à l’encontre des non-musulmans, comme nous l’avons fait dans le passé en déposant plainte contre Sharia4Belgium », affirme Edouard Delruelle.

Depuis 2006, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a, de façon marquante, reçu plus de signalements de cyberhaine sur Internet. En 2009, le nombre de signalements a même dépassé les 500. Depuis 2010, cette tendance se stabilise, mais le Centre a cependant noté une augmentation du nombre de dossiers cyberhaine sur Facebook.

Articles comparables

19 Mars 2024

Journée contre le racisme 2024 : focus sur le marché du travail

A l’occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale 2024, Unia dévoile de nouveaux chiffres sur le racisme. En 2023, nous avons ouvert 670 dossiers en lien avec les critères dits raciaux. Près d’un tiers concernent le domaine de l’emploi. Pour faire baisser ce chiffre, Unia plaide pour une politique obligatoire de prévention des discriminations au travail et un renforcement de l’inspection du travail.

21 Novembre 2023

Enquête - Définir soi-même son origine dans les données relatives à l’égalité

Participez à l'enquête ! Pour lutter contre les discriminations et les inégalités raciales, il est important de disposer de données relatives à l’égalité (equality data) sur l'origine des personnes qui subissent ces discriminations. D’où la nécessité de récolter un maximum d’avis sur la façon de questionner l’origine. Une étude financée par Service Egalité des chances du SPF Justice.