Orientation sexuelle : chiffres et tendances 2014
En 2014, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances a reçu 167 signalements liés au critère orientation sexuelle, lesquels ont donné lieu à l’ouverture de 80 dossiers. Comparativement à 2013, la tendance est à la baisse dans l’enseignement mais à la hausse dans les médias dont Internet (29% des dossiers) et dans l’emploi (25% des dossiers).
La diminution globale du nombre de dossiers ne peut malheureusement pas être interprétée comme une avancée, dans la mesure où le Centre recense plus régulièrement des délits et autres incidents violents. Deux-tiers des dossiers laissent en outre présumer une intention qu’on peut qualifier d’homophobe.
Rappelons aussi qu’en 2014, deux procès d’assises dans lesquels le Centre s’était constitué partie civile ont eu à juger de meurtres avec l’homophobie comme motif abject. Aussi bien dans le procès des meurtriers d’Ishane Jarfi que de Jacques Kotnik, le caractère homophobe du crime a été reconnu par la Cour d’assises de Liège. L’intention homophobe comme motif aggravant n’a par contre pas été retenue dans le procès relatif à la mort de Layla Achichi, jeune femme musulmane et lesbienne décédée en 2009 suite à un rituel exorciste réalisé dans l’espoir de la « guérir » de son orientation sexuelle.
Sous-rapportage
Par ailleurs, le sous-rapportage des cas de discrimination, de harcèlement et de violences à l‘égard de personnes lesbigays reste un point d’attention. Porter plainte à la police, en cas de violence homophobe par exemple, n’est pas vécu comme une démarche aisée. C’est la raison pour laquelle le Centre a poursuivi, en 2014, sa collaboration avec la police. Il a ainsi dispensé plusieurs formations aux fonctionnaires de police afin de souligner l’importance de l’accueil et du soutien des victimes de violence homophobe. Citons également ici l’initiative lancée il y a un an, le 1e mai 2014, par la zone de police de Gand, en collaboration avec le Centre, qui a débouché sur la création d’un point de contact « Homo et transphobie » destiné à faciliter les signalements de discriminations. Enfin, la campagne de sensibilisation « Signale-le ! », lancée par le Centre il y a quatre ans, sera poursuivie en 2015, notamment à l’occasion de la Pride de ce week-end.
Le plan d’action interfédéral de lutte contre les violences homophobes et transphobes garde donc toute sa raison d’être. Le Centre a appuyé l'évaluation de ce plan, et a souligné la nécessité de prévoir un financement pour les actions prévues. Il ne doit pas être un catalogue d'idées et de bonnes intentions, mais bien inclure un plan d'action réelle. Le fait que la lutte contre l'homophobie et la transphobie soit inscrite dans toutes les déclarations de politique régionale des nouveaux gouvernements constitue un signe encourageant à cet égard.
À l’école
Autre grand chantier : l’enseignement. Si ce secteur ne représente qu’1% des dossiers ouverts au Centre en 2014, il reste pourtant particulièrement sensible. Faire son coming out à l’école n’est pas une démarche évidente, pour les étudiants comme pour les enseignants. Rappelons ici le cas de ce candidat à un poste d’instituteur dans une école primaire de la ville de Bruxelles. Celui-ci a fini par refuser cet emploi en dénonçant le fait que la directrice de l’école lui aurait dit qu’il était préférable de ne pas dévoiler son homosexualité aux élèves, au nom de la neutralité. Si l’école et la ville de Bruxelles ont vivement contesté cette version, l’attention médiatique suscitée par ce témoignage a permis au Centre et à d’autres acteurs de rappeler toute l’importance de l’apprentissage de la différence, dès le plus jeune âge et donc aussi à l’école. Aujourd’hui encore, plus de deux tiers des jeunes cachent d’ailleurs leur homosexualité à l’école.
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