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Le rapport annuel bruxellois d'Unia dévoile des réalités choquantes

3/10/2025
  • Communiqué de presse

Près de 1.300 signalements ont été traités en 2024 et ont donné lieu à l’ouverture de 487 dossiers, chiffre en hausse constante depuis 5 ans. L’emploi et le logement occupent l’actualité ces derniers mois, et se traduisent aussi dans les dossiers bruxellois traités par Unia. L’accessibilité et les délits de haine font également partie des problématiques bruxelloises rencontrées fréquemment.

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Anne Salmon

Attachée de presse

La discrimination à l’emploi toujours préoccupante

Les dossiers relatifs au monde de l’emploi occupent le haut du podium, avec 43% de l’ensemble des dossiers ouverts pour Bruxelles (208 dossiers). On observe une hausse depuis 2022 et il s’agit du chiffre le plus élevé depuis 5 ans.

En 2023, la Belgique avait toujours le taux d'emploi le plus bas des personnes nées en dehors de l'Union européenne (59 % contre une moyenne européenne de 67 %) de tous les États membres de l'UE. A Bruxelles, ce taux est encore plus bas, à 57,9 %.

A l’heure où l’on parle de réforme du chômage, on constate donc que de nombreuses catégories de la population ne bénéficient pas des mêmes chances d’accéder à un emploi que les autres. A compétences égales, ces personnes ont moins de probabilités d’obtenir un entretien d’embauche ou d'être engagées. Lorsque ce refus d’embauche repose sur un critère protégé par la loi, il s’agit d’une discrimination. A Bruxelles, il s’agit en particulier des critères dits “raciaux” (couleur de peau, prétendue race, origine, nationalité ou ascendance) ou du handicap.

Un nouveau module eDiv pour promouvoir la diversité

Fort de 1.870 heures de formation données en 2024, dont la moitié à Bruxelles, Unia constate que des biais inconscients sont parfois à l’œuvre dans les procédures de recrutement. Pour y remédier, un nouveau module d’elearning pour un recrutement sans préjugés conscients ou inconscients vient d’être lancé sur eDiv, notre plateforme en ligne pour les entreprises et quiconque souhaite se former sur ces sujets.

Les dossiers logement, la pointe de l'iceberg

La question du logement à Bruxelles a fait la une de l’actualité ces dernières semaines : loyer moyen exorbitant, pénurie de logements, « testings » logement inexistants (c’est-à-dire les tests pour déceler d’éventuelles discriminations dans le choix des locataires, comme les tests de situation et les contrôles mystère). Le prix des loyers a en effet explosé par rapport à l’augmentation du pouvoir d’achat.

Le logement représente près de 40 % des dossiers du domaine « biens et services » d’Unia, domaine qui arrive en 2e position après l’emploi. Le nombre de dossiers logement à Bruxelles reste stable ces 5 dernières années, mais il ne représente qu’une partie de la réalité des discriminations. En effet, la discrimination au logement est difficile à prouver, ce qui décourage les victimes à signaler les faits. Par ailleurs, la combinaison entre la pénurie de logements à Bruxelles et la forte demande des locataires (62 % des Bruxellois sont locataires) permet aux bailleurs d’être extrêmement sélectifs, voire discriminants, sans que cela ne puisse être détecté.

Unia préconise d’allouer des budgets spécifiques aux pouvoirs locaux, notamment pour les testings, mais aussi des formations obligatoires sur la législation dans le parcours de tous les agents immobiliers, qui méconnaissent parfois la législation.

 

4 témoignages parlants

Le rapport brosse également le portrait de 4 Bruxellois inspirants qui ont subi des discriminations et fait preuve de résilience ou qui travaillent à leur échelle pour améliorer le vivre ensemble à Bruxelles. Parmi eux, Valéry. Il a cherché un appartement pendant 4 mois, sans succès. Jusqu’à ce qu’une propriétaire exprime son racisme pur et dur par e-mail : « En tant que propriétaire je suis libre de laisser entrer qui je veux chez moi, je n’ai pas à être malade à cause des étrangers qui sont tous des criminels ! ». Avec le soutien d’Unia, Valéry a porté l’affaire en justice et la propriétaire a été condamnée. Mais l’affaire laisse des traces.

Ce qui s’est passé m’a brisé. J’espère ne plus jamais avoir à vivre une telle expérience.
Valéry, victime de discrimination au logement à Bruxelles

Contre la discrimination, l'urgence de politiques ambitieuses

La lutte contre les discriminations exige des politiques résolues et ambitieuses. Or, l’absence prolongée d’un gouvernement bruxellois, conjuguée au gel des recrutements, affaiblit considérablement les moyens de prévention et de contrôle. Cette situation accroît les risques de discrimination de nombreux citoyens et citoyennes bruxellois. Sans mesures fortes et coordonnées, le risque est grand de voir ces injustices se multiplier.

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