Fracture numérique : comment réduire les inégalités ?
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La digitalisation de notre société, des services publics comme du secteur privé, progresse rapidement. Elle a connu une nette accélération ces deux dernières années dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Cette transformation digitale n’est pas sans conséquences sur l’accès aux services essentiels et sur les droits des personnes les plus fragiles, incapables de suivre le rythme imposé. Certaines situations peuvent être discriminatoires. Au départ d'une demande de l'asbl Lire et Ecrire, Unia a analysé les bouleversements en cours au regard de la législation anti-discrimination et publié un avis sur ce phénomène en collaboration avec le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale. Le cadre légal doit être amélioré.
Faire ses opérations bancaires ou prendre rendez-vous chez le médecin par internet, acheter un billet de train sur une borne digitale, demander un document à la commune, reconnaître un enfant, poser sa candidature en ligne, payer dans un magasin avec son téléphone, une application bancaire ou même avec une simple carte de banque... Pour beaucoup de personnes en situation de vulnérabilité, ces gestes de tous les jours qui peuvent paraitre anodins représentent souvent un véritable parcours du combattant ou sont impossibles car elles ne disposent pas d’un accès à internet ou du matériel numérique nécessaire.
Les publics fragilisés en plus grande difficulté
L’analyse faite par Unia et le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale révèle que les premières victimes de ces bouleversements sont les personnes défavorisées sur le plan socio-économique (niveau de revenus) et culturel (niveau du diplôme), notamment les personnes en difficulté avec la lecture et l’écriture, mais aussi les personnes âgées ou en situation de handicap.
Depuis 2019, Unia n’a reçu qu’une centaine de signalements en lien avec la « fracture numérique ». Les victimes n’identifient sans doute pas la situation comme discriminatoire car elles ne connaissent pas (ou peu) cette notion, ou ne savent peut-être pas qu’Unia peut les aider.
Recommandations
Conscient de ces difficultés et du faible taux de rapportage, Unia a formulé plusieurs recommandations pour alerter sur la discrimination potentielle de certains groupes parmi les plus fragilisés.
“A une époque où acteurs publics et privés semblent avancer librement dans la conception de leurs outils et procédures numériques, Unia plaide pour une amélioration du cadre légal en procédant à l’uniformisation des législations anti-discrimination belges. Nous demandons notamment l’insertion du critère de la « condition sociale » dans ces législations, afin de protéger des personnes particulièrement vulnérables. “ explique Patrick Charlier, directeur d’Unia. “ La digitalisation de notre société est un processus irrémédiable qui peut être bénéfique pour autant qu’il soit clairement balisé et que des correctifs soient prévus pour compenser ses éventuels effets négatifs sur certains publics moins armés”.
Unia et le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale demandent notamment de garantir légalement, sans surcoût, les différentes modalités d’accès aux services publics et privés et, de manière plus large, à l’ensemble des services d’intérêt général pour qu’aucune démarche ne soit exclusivement numérique. Il est aussi important de faciliter la mise à disposition d’outils numériques, l’accès à internet et le soutien à l’acquisition des compétences digitales pour les publics les plus précaires. Au final, un dispositif qui conviendra aux groupes les plus vulnérables de notre société conviendra à l’ensemble de la société.
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