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Avis relatif à l’accès effectif à la langue des signes de Belgique francophone (2025)

10/09/2025
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  • Handicap

L’accès à la langue des signes de Belgique francophone (LSFB) reste limité, malgré sa reconnaissance officielle depuis 2003. De nombreuses personnes sourdes ou malentendantes rencontrent encore des obstacles dans l’exercice de leurs droits fondamentaux. Unia appelle les autorités à renforcer le cadre légal et à garantir une accessibilité réelle et inclusive à la LSFB.

Contexte

Lors de la dernière évaluation de la Belgique, le Comité des Nations Unies des droits des personnes handicapées a constaté, avec préoccupation, que les pouvoirs publics, les prestataires de services privés et les médias diffusaient trop peu d’informations en langue des signes et que le nombre d’interprètes certifiés était insuffisant.

Des témoignages recueillis auprès de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique (FFSB) et de l’Association des Interprètes en Langue des Signes de Belgique Francophone (ABILS) mettent en évidence les difficultés rencontrées par les personnes sourdes signantes dans des domaines essentiels tels que :

  • l’accès aux soins de santé
  • l’emploi et la formation
  • la justice
  • l’information audiovisuelle
  • la participation culturelle

Le nombre d’interprètes est insuffisant et les services publics ne sont pas toujours adaptés aux besoins des personnes signantes.

437 signalements

Entre 2019 et 2024, Unia a ainsi reçu 437 signalements émanant de personnes avec un handicap auditif. Ces signalements mettent en lumière des difficultés concrètes pour les personnes sourdes et malentendantes dans divers domaines de la vie quotidienne : 

  • Biens et services (146 signalements, dont 54 liés aux soins de santé)
    • Difficultés à contacter les services publics et privés, en particulier les opérateurs télécoms et fournisseurs d’énergie.
    • Absence d’interprètes en langue des signes lors de consultations médicales, compromettant le consentement libre et éclairé des patients sourds.
    • Difficulté d’accès aux services de santé mentale.
  • Emploi-Formation (132 signalements)
    • Manque d’interprétation en langue des signes lors du processus de sélection, lors des réunions importantes et des formations, ...
    • Absence d’accompagnement en langue des signes dans le cadre de la formation professionnelle.
    • Moins de chance d’être sélectionné pour un entretien d’embauche lorsque la surdité est mentionnée dans la candidature.
  • Enseignement (54 signalements)
    • En dehors d’une seule école bilingue (français - langue des signes de Belgique francophone), les enfants sourds doivent choisir entre un enseignement ordinaire peu accessible et un enseignement spécialisé. Aucune de ces options n’est actuellement adaptée pour le développement de l’enfant.
    • Les budgets alloués par le Phare et l’AViQ ne couvrent que la moitié de la grille horaire des étudiants.
  • Activités socioculturelles et économiques (32 signalements)
    • Absence d’interprétation en langue des signes dans les événements culturels majeurs.
  • Police et justice (16 signalements)
    • Dans les procédures civiles, les personnes sourdes ne bénéficient pas d’un interprète en langue des signes, portant atteinte à leur droit à un procès équitable.
  • Médias (15 signalements)
    • Trop peu de programmes télévisés sont accessibles en langue des signes

Il est important de souligner que ces données ne reflètent qu’une partie de la réalité. Les signalements reçus par Unia ne constituent probablement que la partie émergée de l’iceberg, et ne sauraient à eux seuls rendre compte de l’ampleur des discriminations vécues au quotidien par les personnes sourdes et malentendantes.

Recommandations d’Unia

1. Renforcement du cadre légal

  • Reconnaître la LSFB comme langue officielle
  • Imposer des obligations aux services publics en matière d’accessibilité linguistique
  • Associer la communauté sourde à l’élaboration des politiques

2. Accessibilité des services

  • Traduire les informations essentielles en langue des signes
  • Mettre des interprètes gratuitement à disposition
  • Former le personnel à l’accueil des personnes signantes
  • Prévoir des dispositifs d’interprétation en situation d’urgence

3. Soutien à la profession d’interprète

  • Valoriser et protéger le métier d’interprète
  • Renforcer les formations spécialisées
  • Financer les services d’interprétation
  • Favoriser le travail en binôme entre un interprète sourd et un interprète entendant
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