Les actes racistes à la gare d’Aerschot sévèrement sanctionnés
Le tribunal correctionnel de Louvain s'est prononcé sur l’agression raciste de la gare d’Aerschot. Les trois prévenus ont été condamnés à des peines d’emprisonnement effectives comprises entre 9 mois et 1 an et à une amende de 400 euros. Unia se félicite de la décision du tribunal. Unia s’était constitué partie civile dans cette affaire aux côtés des victimes.
Le tribunal a estimé que les prévenus n'ont exprimé aucun sentiment de culpabilité envers les victimes. Ils n'ont pas présenté d'excuses pour les faits et certains avaient déjà été condamnés dans le passé pour des faits similaires. La présence d'un mobile raciste a été considérée comme une circonstance aggravante supplémentaire. Par ailleurs, les victimes étaient mineures.
Selon le tribunal, les propos racistes explicites proférés ne pouvaient pas être dissociés de l’acte de violence perpétré. Les propos outranciers de l’« auteur actif » ont incité sa partenaire à s'impliquer et à commettre un délit. Le juge a rappelé une jurisprudence antérieure de la Cour constitutionnelle qui stipule que le simple mépris vis-à-vis de la victime est suffisant pour décider d’une aggravation de la peine sur base du mobile raciste.
De quels faits s’agit-il ?
Le 26 août 2018, un voyageur âgé de 15 ans, est poussé sur les rails par un individu à la gare d'Aerschot. Un acte d’une violence choquante et gratuite. Une altercation apparemment banale est devenue complètement incontrôlable. Il y a eu une escalade des deux côtés, et à un certain moment le voyageur a été agrippé et poussé sur les rails. S’en est suivi une sérieuse empoignade. C’est à ce moment-là qu’un train arrivait de Liège. Heureusement, les employés de la SNCB ont réussi à faire arrêter ce train à temps.
Les faits ont mis en évidence un motif raciste évident. Des images vidéo ont confirmé le caractère raciste de certaines déclarations. "Adaptez-vous, retournez dans votre pays. On dirait que vous avez un cancer", a déclaré un des agresseurs. Les insultes ont conduit à des invectives des deux côtés.
Stress post-traumatique
Après le grave incident de la gare d'Aerschot, la victime n'a pas pu se rendre à l'école durant une longue période. Le jeune homme a dû suivre un traitement contre le stress post-traumatique. Il a souffert d'anxiété, de troubles du sommeil, de sautes d'humeur et de ruminations colériques. Les faits l’ont rendu plus méfiant et triste. Le juge a fixé des dommages et intérêts à hauteur de 10.000 euros.
Commentaire d’Unia
« Nous saluons ce jugement, surtout à la lumière du combat contre le racisme, qui est plus que jamais d'actualité. La zone de police d'Aerschot et le parquet de Louvain ont été exemplaires dans la manière dont ces faits graves ont été investigués. Ils ont examiné avec attention s’il y avait présence d'un mobile de haine et n'ont pas traité l'affaire comme un simple cas de violence gratuite », réagit Patrick Charlier, directeur d'Unia.
« Unia demande à la police de toujours informer les victimes sur la possibilité d'obtenir une assistance juridique de notre part. Nous continuons à sensibiliser la police, les parquets et les autorités aux délits de haine. Nous n'avons cependant pas une image précise de l'ampleur des délits de haine. Il est donc nécessaire de disposer de meilleures statistiques. Nous plaidons également, avec les Services publics fédéraux de l’Intérieur et de la Justice, pour la mise sur pied d'un groupe de travail portant sur les délits de haine. »
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