Recherche : la discrimination fondée sur l’âge en Belgique (2025)
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Unia a étudié la fréquence de la discrimination fondée sur l'âge en Belgique et les formes qu'elle prend, sur la base des expériences de personnes âgées de 16 ans et plus. L'étude montre que la discrimination fondée sur l'âge touche toutes les tranches d’âge.
Les « jeunes » (-30 ans) et les « personnes âgées » (61 ans et plus) sont ceux qui signalent le plus d'exclusion, mais les personnes entre 31 et 60 ans sont également victimes de discrimination. Comme elle s'ajoute souvent à d'autres formes de discrimination, les expériences vécues sont uniques et parfois plus lourdes. Les décideurs politiques et les institutions doivent en tenir compte et mettre en place une approche large et intersectionnelle.
Principales conclusions : toutes les tranches d'âge sont victimes de discrimination
La discrimination fondée sur l'âge ne se limite pas à un groupe spécifique, mais constitue un problème social général.
Quelle est la fréquence de la discrimination fondée sur l'âge ?
- Au moins 1 personne sur 3 a été victime de discrimination fondée sur l'âge au cours des 12 derniers mois.
- Chez les jeunes de moins de 30 ans et les personnes de plus de 70 ans, environ 1 personne sur 2 est concernée.
- Le problème concerne toutes les tranches d'âge.
Dans quels domaines se manifeste la discrimination fondée sur l'âge ?
Au travail
Plus de 20 % des personnes interrogées font état de discrimination fondée sur l'âge sur leur lieu de travail : lors des entretiens d'embauche, en cours de carrière et lors des procédures de licenciement.
« Je me suis rendu à un entretien d'embauche. Le recruteur m'a dit : « Je préfère embaucher des personnes âgées plutôt que des jeunes ; ils ne sont pas fiables au travail. » (41 ans, homme)
Dans les soins de santé
Les personnes considérées comme « jeunes » ou « âgées » ne sont pas toujours prises suffisamment au sérieux par le personnel soignant. Les personnes interrogées indiquent qu'elles ne sont pas crues, aidées ou traitées.
« Il y a 5 ans, l'orthopédiste m'a renvoyée chez moi parce que vu mon âge, je devais accepter d'être "usée". Mais j'ai fini par trouver une bonne solution et aujourd'hui, ma mobilité est toujours excellente ! » (83 ans, femme)
Dans d'autres domaines de vie
Dans les domaines du logement, des services financiers, des services publics, de la mobilité, des espaces publics, des loisirs, de la restauration et des magasins, au moins 1 personne sur 10 a déclaré avoir été victime de discrimination fondée sur l'âge.
Dans le domaine de la digitalisation
La digitalisation a été largement citée par les personnes interrogées. Notre étude ainsi que celles de la Fondation Roi Baudouin (2024) et de Statbel (2023) montrent que la digitalisation crée des obstacles supplémentaires pour les retraités et les jeunes, qui deviennent dépendantes de l’aide d’autrui et doivent renoncer à leur confidentialité. Sans smartphone, ordinateur portable ou Internet, il est aussi impossible de faire certaines démarches comme des opérations bancaires ou une demande de logement social, d'obtenir des réductions dans les supermarchés, etc. Plus de 30 % des personnes interrogées se sentent donc exclues par la digitalisation.
Quel est l'impact de la discrimination fondée sur l'âge ?
L'âgisme peut entraîner :
- une diminution de la qualité de vie
- un accès plus difficile aux droits
- une sécurité économique détériorée
- une moindre participation sociale
Quand sommes-nous « jeune » ou « vieux » ?
Ce n'est pas une donnée fixe car elle est subjective et socialement construite. Cela dépend fortement du contexte, des normes et des préjugés dominants sur l'âge dans un domaine particulier de la vie.
Il s'agit parfois de limites d'âge explicites qui peuvent être arbitraires, voire illégales. Par exemple, les personnes ne sont pas reconnues comme handicapées si elles le deviennent après 65 ans.
Les personnes âgées sont-elles les seules concernées ?
Non, les jeunes et les personnes âgées sont tous deux victimes d'exclusion, qui est parfois même très similaire :
- Ils ne sont pas pris au sérieux ou sont traités avec condescendance.
- Ils ne trouvent pas leur place dans l'espace public.
- Ils ont plus de mal à trouver un logement car ils sont considérés comme présentant un risque financier.
Pourquoi la discrimination fondée sur l'âge est-elle si tenace ?
La discrimination fondée sur l'âge semble plus largement acceptée par la société que d'autres formes de discrimination. De ce fait, elle est parfois exprimée de manière explicite, sans que les employeurs, les commerçants et les agents immobiliers ne semblent conscients du caractère discriminatoire, voire illégal, de leur comportement.
Parfois, l'âge semble même être utilisé comme prétexte pour masquer ou légitimer d'autres formes d'exclusion telles que le racisme ou le sexisme.
Que se passe-t-il lorsque la discrimination fondée sur l'âge s'ajoute à d'autres formes d'exclusion ?
La discrimination fondée sur l'âge peut aller de pair avec le racisme, le validisme, la pauvreté, l'homophobie, etc. Cette combinaison amplifie l'impact et conduit souvent à des expériences uniques. Ainsi, les expériences peuvent différer entre les femmes jeunes et les femmes âgées, par exemple, ou entre les jeunes femmes en situation de handicap et celles qui ne le sont pas. Il est donc très important, dans la lutte contre la discrimination fondée sur l'âge, de prêter attention à ces différences et aux besoins spécifiques des personnes qui se trouvent à différentes intersections.
Comment cette étude a-t-elle été menée ?
Les conclusions du rapport d'enquête sont basées sur :
- une enquête à grande échelle auprès de 2 462 participants
- l'analyse des signalements de discrimination fondée sur l'âge reçus par Unia en 2024
- 6 focus groups
3 tranches d'âge
Nous avons examiné les défis spécifiques - différents et similaires - auxquels les tranches d'âges suivantes sont confrontées :
- les « jeunes » (-30 ans)
- le « groupe intermédiaire » (31-60 ans)
- les « personnes âgées » (61 ans et plus)
Au sein de ces trois grandes catégories, nous avons également utilisé des groupes d'âge plus restreints afin de connaître la variation au sein des groupes.
Approche intersectionnelle
Au cours des focus groups, nous avons examiné les liens avec d'autres formes d'exclusion (autrement dit « intersectionnelles ») : discrimination à l'égard des personnes racisées, des personnes en situation de handicap, des personnes en situation de pauvreté, des personnes LGBTI+ et discrimination fondée sur le genre.
9 domaines
L'étude couvre les domaines de vie suivants :
- Travail rémunéré
- Travail non rémunéré
- Logement
- Services financiers
- Services publics et sociaux
- Soins de santé et aide
- Mobilité
- Espace public, loisirs, horeca et commerces
- Digitalisation
Le rapport s’inscrit dans la troisième phase du projet Equality Data, mené entre juillet 2024 et décembre 2025 avec le soutien financier du SPF Justice – Service Égalité des Chances.
Que fait Unia avec ces résultats ?
Unia engage le dialogue avec des organisations de jeunes, des associations de personnes âgées et d'autres parties prenantes afin de formuler des recommandations politiques concrètes sur base de ces résultats.
La discrimination fondée sur l'âge doit être reconnue comme un problème social grave et des mesures doivent être prises pour y remédier.
Vous avez une question ou une remarque à propos de cette étude ?
Faites-le-nous savoir. Nous nous ferons un plaisir de vous fournir de plus amples informations sur les résultats, les méthodes et les conclusions.
Pour aller plus loin
Equality Data: données sur l’(in)égalité et la discrimination
Pour s'attaquer aux inégalités et aux discriminations, il faut d'abord avoir une vision claire du problème. De nombreuses recherches ont déjà été effectuées, mais ces informations sont souvent dispersées et difficiles à trouver. Le Centre de données sur l'égalité rassemble toutes ces données en un seul endroit.
Étude sur l’autodéfinition de l’origine en Belgique (2023-2024)
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