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Prise en compte du racisme dans les soins de santé mentale à Bruxelles

28/02/2025
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Très peu d’études en Belgique permettent d’évaluer la prise en compte du racisme sur la santé mentale et physique des personnes. Afin d’explorer le sujet, Unia a mandaté le bureau de recherches Indiville pour mener des entretiens qualitatifs semi-structurés avec des professionnels de la santé mentale. 

Recherche exploratoire qualitative sur la situation à Bruxelles

Dans le cadre de l’action 42 du Plan Bruxellois de lutte contre le racisme, la COCOF a financé Unia pour la réalisation d’une étude exploratoire. 

L'étude portait sur la prise en compte du racisme par les professionnels de santé mentale francophones à Bruxelles au sein de leurs pratiques de soins de santé (thérapies, prises en charges dans une maison de soin, accompagnement social, etc.). 

Point d'attention : par la nature exploratoire de cette recherche, ces résultats ne sont pas généralisables à l’ensemble des prestataires de soins de santé mentale à Bruxelles.

Le racisme, problématique peu abordée par les professionnels de la santé mentale 

Bien que les professionnels de santé mentale soient conscients de l’impact du racisme sur la santé mentale et physique, le sujet est rarement abordé dans le cadre de leur pratique.  En effet, l’approche universaliste de la psychologie clinique amène les praticiens à traiter chaque patient de la même manière. A moins que le sujet soit amené par les patients eux-mêmes, le racisme et ses impacts ne fait a priori pas objet d’un suivi thérapeutique.   
Lorsque le racisme est abordé, il sera rarement une dimension centrale du suivi, puisque les professionnels veillent à traiter la souffrance sous toutes ses dimensions et à favoriser une meilleure gestion émotionnelle, qu’elle qu’en soit la cause.    
Les outils de traitement seront eux aussi identiques à ceux utilisés pour d’autres formes de souffrances, généralement assimilés aux techniques utilisées pour traiter le stress post traumatique.   

Limites et défis vécus par les professionnels 

Les praticiens expliquent leur réticence à évoquer spontanément le racisme par la crainte de raviver des traumatismes et de créer plus de souffrance. Ils mentionnent aussi la peur de problématiser des faits qui ne sont pas vécus comme problèmes par les patients. De plus, les professionnels interrogés rapportent également un sentiment de manque de légitimité à traiter de l’impact du racisme lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes racisés.   
Concernant la prise en charge des patients racisés en général, les professionnels de santé mentale rapportent des difficultés en raison d’une méconnaissance des représentations culturelles liées à des thèmes comme la maladie mentale, la mort, le rôle de la famille etc. Certains praticiens admettent aussi avoir des préjugés et stéréotypes limitant leur prise en charge des patients racisés, tout en étant conscients qu’il est possible d’y remédier. 

Recommandations formulées par les professionnels 

1. Sensibiliser et former les professionnels de santé mentale :   

Cette sensibilisation aura un double objectif : 

  • une meilleure détection et prise en charge de l’impact du racisme  
  • le développement de compétences transculturelles.   

La sensibilisation devra avoir lieu tant dans la formation initiale (universitaire, en haute école, etc.) que lors des formations continues qui sont proposées.

2. Créer et diffuser un guide de santé mentale comprenant des bonnes pratiques pour traiter de l’impact du racisme .

3. Créer des réseaux de professionnels sensibilisés au traitement des patients racisés .

Afin de créer des ponts entre professionnels de la santé mentale et publics racisés  

4. Pallier au manque de diversité au sein des professionnels de la santé mentale et des formateurs dans ce domaine  

Méthodologie

  • Les résultats présentés plus haut sont issus de 20 entretiens semi-structurés menés par Indiville début 2024 sur base d’un guide de discussion thématique. Indiville a interrogé des prestataires de soins de santé mentale francophones pratiquant à Bruxelles-Capitale.   
  •  Les métiers représentés étaient variés, notamment une majorité de psychologues, des travailleurs sociaux, des directeurs thérapeutiques/cliniques. Ces personnes travaillaient dans différents contextes : centres de santé mentale, maisons médicales, centres communautaires, maison de soins psychiatriques, habitations protégées.   
  •  Les entretiens ont ensuite été retranscrits et analysés par Indiville.   

Envie d’en savoir plus sur cette recherche ?

Pour toute question ou demande en lien avec ce projet de recherche, veuillez adresser un message à  equalitydata@unia.be 

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