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Unia et l’IEFH tirent la sonnette d’alarme : les violences et discriminations envers les personnes LGBTI+ sont préoccupantes

12/05/2025
  • Communiqué de presse
  • Orientation sexuelle
  • Critère protégé lié au genre

La Belgique est un pays précurseur en termes de droits et d’inclusivité des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes. Cependant, les cas de discriminations et de violences persistent, sous de multiples formes, comme en témoignent les derniers chiffres d’Unia et de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. 

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Anne Salmon

Attachée de presse

Un climat inquiétant

En 2024, Unia a clôturé 136 dossiers en lien avec l’orientation sexuelle. Ils présentent une particularité : les discours et particulièrement les actes de haine y sont beaucoup plus fréquents que dans les dossiers concernant d'autres critères protégés par la loi.

Ainsi, en 2024, Unia a enregistré 35% de dossiers qui concernaient des actes de haine à caractère homophobe, lesbophobe ou biphobe. On y recense plus d’un tiers d’agressions avec coups et blessures et une proportion similaire de cas graves de harcèlement. Pour les critères dits “raciaux” et les convictions religieuses, le pourcentage de dossiers concernant des actes de haine est bien moindre (respectivement 14% et 6%). 

On constate que ces agressions sont souvent commises par des hommes, jeunes, parfois en groupe et surtout à l’encontre d’autres hommes. Les guet-apens tendus par le biais de sites de rencontre spécialisés sont en augmentation manifeste. Il s’agit par exemple de la vague de pièges tendus lors de l’été passé via l’application de rencontre Grindr, qui a fait au moins 8 victimes. Ces dernières ont fait l’objet d’insultes homophobes, ont été menacées avec une arme blanche, rouées de coups et extorquées. Les auteurs présumés de ces cas de violence passent devant le tribunal correctionnel de Bruxelles ce mercredi 14 mai. 

Un nombre record d’actions en justice

Unia s’est constitué partie civile dans ce dossier, comme dans 10 autres dossiers d’agressions homophobes depuis début 2024, ce qui témoigne malheureusement de la récurrence et la gravité des faits.

Unia s’est constitué partie civile pour ces dossiers afin de soutenir les victimes et de les accompagner tout au long du trajet pénal. Ces cas sont particulièrement importants parce qu’à travers ces agressions, c’est un signal d’hostilité qui est envoyé à toute une communauté. Unia informe aussi la justice pour que l'enquête soit attentive au volet discriminatoire, afin que l’agression ne soit pas traitée comme une agression « classique », mais bien comme une agression avec mobile discriminatoire qui prenne donc cette circonstance aggravante en compte
Patrick Charlier, directeur d'Unia

Les personnes trans particulièrement ciblées par des discriminations

Du côté de l’Institut, parmi les signalements de discriminations et de comportements haineux reçus en 2024, 74 portent sur la transition médicale et/ou sociale et 80 sur l'identité de genre. Les personnes trans sont particulièrement ciblées par des discriminations dans le domaine du travail, avec 47 signalements reçus en 2024, mais également dans les assurances et les soins de santé. 

Les réseaux sociaux et les médias sont une caisse de résonnance du mouvement anti-genre qui tend à remettre en question l'existence-même des personnes trans. Plus insidieusement, les discours de haine ne sont pas toujours explicites. Ils peuvent prendre une forme humoristique ou parodique : ils entretiennent néanmoins un climat transphobe et banalisent les comportements haineux.

Les signalements émanant de personnes intersexes constituent un peu moins de 1% des signalements reçus par l'Institut. Ce chiffre traduit toutefois une réalité : les situations des personnes intersexes restent encore peu connues. Pourtant, chaque jour, environ cinq enfants naissent en Belgique avec une variation des caractéristiques sexuelles. Cette méconnaissance est une porte ouverte à l'intersexophobie. Cela peut se traduire notamment par des pressions exercées sur les parents d'enfant intersexe pour accepter des interventions non nécessaires sur les caractéristiques sexuelles.

Signaler les faits

Unia et l’Institut encouragent les victimes et témoins de tout fait de discrimination, discours ou acte de haine à déposer plainte à la police, où il fera l’objet d’un rapportage spécifique. 
Cependant, les victimes d’homophobie, de biphobie ou de transphobie ont encore trop peur de porter plainte : peur de devoir faire leur coming-out, peur d’avouer une inscription sur une application de rencontre, peur de ne pas être bien reçues, peur d’être stigmatisées, peur de représailles, peur que leur plainte ait des conséquences sur leur vie personnelle et professionnelle etc. 
 

Selon une étude européenne, seules 14 % des personnes LGBTI+ agressées en Belgique osent se présenter au poste de police . Les faits sont donc sous-enregistrés. Rappelons qu’ils peuvent aussi être signalés à Unia et à l’Institut, qui accompagneront les victimes dans les démarches.
 

Appel aux politiques

Au cours de la législature précédente, chaque niveau de pouvoir a développé son propre plan d’action de lutte contre les LGBTI-phobies. Cette approche fragmentée ne permet pas la mise en œuvre d’une politique cohérente et efficace.

Unia et l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes appellent dès lors les décideurs politiques à s’unir dans la lutte contre la discrimination et les agressions à l’encontre des personnes LGBTI+. Elle passe par la réalisation d’un plan d’action LGBTI+ interfédéral ambitieux qui renforce la collaboration entre les niveaux de pouvoir.

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