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Tribunal correctionnel de Namur, division Namur, 5 septembre 2022

3 hommes sont condamnés pour avoir sévèrement battu un garçon de 15 ans qui entretenait une relation avec une fille d'origine tchétchène.  

[Appel: Cour d'appel de Liège, 14 février 2023]

[Avertissement : les jugements et arrêts peuvent contenir un langage offensant].

Publié : 05/09/2022
Domaine(s) : Société
Critère(s) de discrimination : Racisme
Infraction(s) à la loi : Délit de haine, Extorsion, Coups et blessures
Pouvoir judicaire : Tribunal correctionnel
Juridiction : Namur
Unia partie (civile) : non

Les faits

Un garçon de 15 ans entretient une relation avec une fille d'origine tchétchène. Il est approché par 2 hommes d'origine tchétchène qui le contraignent sous la menace à leur remettre son smartphone. Ils veulent vérifier les messages qu'il a échangés avec la jeune fille. Ils font valoir que, dans leur culture, on ne peut parler à une fille que si l’on est soi-même tchétchène et que l’on a l’intention de l’épouser.

Plus tard, le garçon est emmené dans un parc où il est sévèrement battu durant une heure par plusieurs personnes. L’agression s’est terminée par une mise en garde : « Tu seras un exemple, dis aux autres que s’il y en a encore un qui touche ou regarde une Tchétchène, on lui fera la même chose ou pire ».

3 suspects sont majeurs et doivent comparaître devant le tribunal correctionnel. 

Qualification juridique

Le ministère public avait poursuivi les prévenus pour :

  • Extorsion (article 470 ancien Code pénal). 
  • Coups et blessures volontaires (article 398 ancien Code pénal) avec mobile discriminatoire comme circonstance aggravante (article 405quater ancien Code pénal).

Décision

Le tribunal correctionnel a estimé les différentes préventions établies. Le juge se fonde notamment sur la menace prononcée suite à l’agression pour retenir la circonstance aggravante du mobile haineux.

Le tribunal correctionnel a condamné les prévenus à respectivement 10, 7 et 8 ans de peine de prison ferme. 

Point d’attention

Il s’agit d’une application rare de la circonstance aggravante de mobile haineux dans le contexte d’une relation amoureuse entre personnes issues de communautés différentes. Le tribunal correctionnel rappelle ainsi que des pressions sociales ne peuvent entraver la liberté d’une personne de choisir les relations qu’elle souhaite entretenir.

Unia n’était pas partie à la cause. 

 

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