Don de plasma et de sang des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes : la Belgique à la traîne

8 Février 2022
Domaine d'action: Biens et services
Critère de discrimination: Orientation sexuelle

Le Royaume-Uni et la France l'ont déjà fait. La Belgique quant à elle traîne à assouplir les règles relatives au don de plasma et de sang des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH). Pourtant, la Belgique devait travailler sur une nouvelle législation avant septembre 2021, selon un arrêt de la Cour constitutionnelle. Unia demande au ministre de la Santé de prendre rapidement des mesures, en particulier dans le contexte actuel de la pénurie mondiale de plasma. 

Le 26 septembre 2019, la Cour constitutionnelle a jugé qu'empêcher les HSH de donner leur plasma n'était pas justifié : le législateur belge avait alors deux ans pour rectifier cette situation. De nouvelles données scientifiques montrent que la qualité du plasma donné peut être garantie lorsqu'il est stocké selon des directives spécifiques, et qu'il n'y a donc plus aucune raison d'exclure les HSH en tant que donneurs. 

Pénurie de plasma aussi en Belgique

La pandémie du coronavirus entraîne aujourd'hui une pénurie mondiale de plasma. Cette pénurie a également des conséquences pour la Belgique, notamment pour les quelque 10.000 à 11.000 patients qui dépendent de médicaments fabriqués à partir de plasma sanguin (immunoglobulines). La Croix-Rouge a déjà demandé aux autorités d'utiliser le plasma des donneurs belges pour tous ces médicaments. Les patients seraient ainsi moins dépendants du plasma venant de l’étranger. 

"On entend de plus en plus souvent dire que la Belgique doit être moins dépendante du marché mondial pour son approvisionnement en médicaments qui nécessitent du plasma. Si le plasma belge devient prioritaire pour la fabrication de ces médicaments, il est encore plus essentiel que l'arrêt de la Cour constitutionnelle soit appliqué", souligne Patrick Charlier, directeur d'Unia. "Selon les estimations du Conseil Supérieur de la Santé, ouvrir le don de plasma aux HSH permettrait d’atteindre 4.000 nouveaux donneurs, ce qui augmenterait considérablement les réserves de plasma."

Réforme également nécessaire du don de sang

En France, à partir du 16 mars 2022, les HSH ne devront plus attendre 4 mois après le dernier rapport sexuel pour pouvoir donner leur sang. Avec les nouvelles pratiques scientifiques qui garantissent la qualité du sang donné, l’orientation sexuelle des donneurs n’est déjà plus demandée lors du questionnaire préliminaire. Le Royaume-Uni a également déjà pris des mesures similaires en mai 2021.

En Belgique, les HSH ne peuvent pas donner leur sang dans les 12 mois qui suivent leur dernier rapport sexuel. Unia demande donc au ministre de la Santé, tant pour le don de plasma que pour le don de sang, d'examiner les données scientifiques récentes, de réviser les critères d'exclusion et de réduire ou d'éliminer les périodes d'exclusion. 

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