Oui, les attentats ont laissé des traces
Depuis les attentats de Bruxelles du 22 mars, Unia constate une augmentation des signalements pour islamophobie dans la période comprise entre le 20 mars et le 20 avril 2016. Une réalité corroborée par les témoignages qu’Unia reçoit de son réseau de terrain et des milieux professionnels qui évoquent un climat plus difficile pour les personnes de conviction musulmane (ou apparentées).
Un peu plus d’un mois après les attentats qui ont frappés l’aéroport de Bruxelles-National et la station de métro Maelbeek, la tendance est clairement à la hausse en ce qui concerne les signalements pour actes islamophobes en Belgique. « Il faut évidemment rester prudent mais on ne peut pas nier la réalité : les attentats ont laissé des traces. Il y a plus de peur, de regards suspicieux. », déclare Patrick Charlier, directeur d’Unia.
Une tendance qui se marque plus fort sur Internet et dans le domaine de l’emploi, deux domaines qui représentent près de 70% des signalements reçus par Unia. Mais le plus inquiétant reste le degré de violence des faits rapportés pour le domaine de la vie en société, que ce soit des agressions verbales gratuites envers des femmes voilées ou l’atteinte à l’intégrité physique de personnes identifiées comme musulmanes.
En matière d’emploi, cela concerne autant des refus d’engagement, que des remarques ou commentaires qui peuvent tourner au harcèlement voire même des personnes dont le contrat a été suspendu ou rompu pour des raisons de sécurité sans que des motivations précises ne soient avancées.
Enfin, Unia est également saisi de signalements à caractère antisémites notamment relevant de la thèse complotiste accusant les juifs d’être responsables des attentats.
« On est dans une société de la confrontation où on risque de se refermer sur sa communauté. Le vivre-ensemble est ainsi menacé et, s’il faut souligner l’émergence d’initiatives positives qui essaient de créer des ponts et le dialogue, il ne faut pas que cela soit l’arbre qui cache la forêt. Oui, clairement, les relations se sont abîmées entre musulmans et non-musulmans. ».
Si Unia préfère parler de tendance plutôt que d’avancer des chiffres, c’est avant tout pour pouvoir garder assez de recul pour une analyse objective d’un phénomène qui ne peut se faire dans un temps aussi court. « Il faudra en effet continuer à jouer notre rôle de veille tout en invitant chaque personne qui serait victime de discrimination ou de discours haineux à le signaler à nos services. Je pense que l’on constatera à moyen et long terme une augmentation des signalements liés à l’accès au logement ou au recrutement dans l’emploi. Les responsables politiques, en lien avec les associations de terrain, vont devoir anticiper ce genre de problématiques qui polariseront encore plus la société .».
Articles comparables
Le rejet de l’autre s’exprime davantage dans l’espace public
Unia publie un premier bilan des dossiers ouverts en 2015.
L’islamophobie fait des victimes : de la toile vers l’espace public
En 2014, le Centre a ouvert 260 nouveaux dossiers de discrimination et d'expressions de haine à l'encontre de personnes musulmanes, liés à leur confession.
Deux militants d’extrême droite condamnés pour alternative au salut nazi et haine en ligne
Unia se félicite de la condamnation de deux militants d’extrême droite dans deux dossiers où il s'était constitué partie civile. Les deux hommes étaient poursuivis pour alternative au salut nazi et haine en ligne.
Agression raciste d’un éboueur : une condamnation logique
Le tribunal correctionnel de Dinant vient de condamner l’agresseur d’un jeune éboueur d’origine africaine à une peine de travail de 100 h et une amende de 800 € pour coups et blessures avec la circonstance aggravante du mobile raciste. « Unia s’était constitué partie civile et nous nous félicitons que cette agression raciste et totalement gratuite soit sanctionnée » explique Patrick Charlier, directeur d’Unia.