Les personnes handicapées veulent voter, mais les préjugés et le manque de moyens font obstacles
À l'aube des élections 2019, Unia dévoile les premiers résultats de son enquête sur la participation citoyenne des personnes en situation de handicap mental et/ou psychique. Il reste des obstacles, or le droit de vote est un droit fondamental.
Aujourd’hui encore, les obstacles à l’exercice du droit de vote sont pensés en termes de mobilité et d’accessibilité des sites électoraux. Or, les personnes en situation de handicap mental et/ou psychique éprouvent des difficultés qui ne se limitent pas au jour des élections. Elles manquent notamment de supports, d’informations, d’un entourage formé et informé ou elles sont tout simplement considérées comme incapables de voter.
Unia a donc décidé de mener l’enquête.
Unia a réalisé une série d’entretiens individuels et de rencontres collectives auprès de 80 personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble psychique vivant soit en structure d’hébergement, soit en famille, soit en autonomie. Lors de ces entretiens, leurs expériences sur le droit de vote était au centre des discussions.
Tous les répondants avaient entre 18 et 81 ans et se répartissaient sur les trois régions du pays.
Unia a également rencontré des parents proches, des directeurs d’institutions, des médecins, des éducateurs, des assistants sociaux et des chefs de service afin de discuter du déroulement des élections et d’une éventuelle préparation à celles-ci.
Parallèlement, Unia a diffusé une enquête en ligne s’adressant aux directeurs d’institutions. Cette enquête avait pour but d’évaluer le taux de participation de leurs bénéficiaires aux élections d’octobre 2018 et de connaître leur vision sur le droit de vote des personnes en situation de handicap.
Les premiers résultats de la recherche révèlent que :
- Les personnes en situation de handicap ont le même intérêt que tout autre citoyen pour la politique et que certaines se préparent bien aux élections.
- Certaines personnes en situation de handicap n’éprouvent aucune difficulté pour aller voter.
- Certains professionnels estiment que leur mission est d'inclure les personnes en situation de handicap dans la société et se mobilisent pour les préparer aux élections.
Mais il y a aussi des obstacles :
- Certains professionnels se demandent si les personnes en situation de handicap sont capables d’exercer leur droit de vote en connaissance de cause.
- Les professionnels manquent de temps et de moyens pour les préparer correctement au vote.
- Le manque d'informations et de documentations compréhensibles empêchent celles et ceux qui le voudraient de se préparer aux élections et d’aller voter.
- Les bureaux de vote ne sont pas toujours adaptés aux besoins des personnes concernées : les bulletins de vote et les instructions sont difficilement compréhensibles et l'environnement peut être source de stress pour les personnes ayant un trouble psychique.
En automne 2019, Unia présentera les résultats finaux de la recherche. Des recommandations seront adressées aux autorités, aux politiques et au milieu de vie pour lever les obstacles à la participation citoyenne des personnes en situation de handicap mental et/ou psychique.
Les premiers résultats montrent que la mobilisation de l’entourage influence considérablement la participation politique du public cible. À cette fin :
- Les proches et les professionnels doivent s’impliquer activement sur cette question, partagez notre action !
- Les personnes en situation de handicap doivent comprendre l’enjeu des élections et prendre conscience de l’importance de leur voix avec l’aide des professionnels et de leurs proches.
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