La sérophobie en actes (2017)
L’Observatoire du sida et des sexualités (Université Saint-Louis), avec la participation d’Unia, a décidé de mener une enquête sur la sérophobie en Belgique, au départ des signalements reçus par Unia depuis 2003, année de la première loi anti-discrimination.
Pour la première fois en Belgique, une enquête s’est penchée sur les discriminations dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH à travers les signalements traités par Unia durant 10 ans (2003-2014). A l’initiative de l’enquête, l’Observatoire du sida et des sexualités qui a eu pour objectif de mieux connaître les situations de discrimination et l’expérience vécue par les personnes estimant avoir été discriminées en raison de leur statut sérologique. Au total, 141 signalements ont été analysés et 18 entretiens ont été menés pour mieux comprendre les situations et les conséquences de la sérophobie en Belgique.
Globalement, le nombre de signalements liés au VIH a augmenté depuis 2003, avec en moyenne une dizaine de signalements par an.
Le domaine des biens et services en ligne de mire
Plus d’un tiers des signalements analysés concerne l’accès et l’offre de biens et de services. La plupart concerne un refus d’assurance ou une surprime en raison de la séropositivité du demandeur. Egalement problématique, la non-confidentialité des informations médicales (par exemple pour les assurances-groupes professionnelles).
Au travail, être séropositif reste problématique
Le second domaine, qui regroupe près d’un quart des signalements, a trait à l’emploi. Cela concerne essentiellement des licenciements ou des non-renouvellements de contrat qui surviennent après la divulgation de la séropositivité ou les absences du travailleur en raison d’une détérioration de l’état de santé.
Le harcèlement ou le blocage de carrière et les tests de dépistage obligatoires ou réalisés à l’insu, peuvent aussi mener à une pression à la démission voire au licenciement.
Impact sur la vie privée et l’estime de soi
Même les personnes n’ayant pas été discriminées ont intériorisé le risque de pouvoir l’être et anticipent donc ce traitement différentiel en se mettant elles-mêmes à l’écart.
Il ressort très clairement de cette enquête que les conséquences sont nombreuses et ne se limitent pas à un déni d’égalité dans l’accès aux ressources et positions, elles suscitent également des sentiments délétères (injustice, abandon, trahison, honte) susceptibles d’aggraver l’état de santé des personnes vivant avec le VIH. De plus, beaucoup, afin d’esquiver ou anticiper les discriminations, adoptent une stratégie du silence, en ne divulguant pas leur statut sérologique. Or, ces deux éléments conjugués vont à l’encontre des recommandations de la politique de lutte contre le sida.
Et donc? Faire respecter les droits!
Il est important de rappeler l’importance du soutien médical et social et de la lutte contre la sérophobie et les discriminations pour véritablement arriver à une normalisation de l’infection à VIH. La politique de santé doit ainsi plus que jamais s’ancrer dans une politique respectueuse des droits humains et dans une politique d’égalité face à la santé, à l’emploi et aux droits sociaux.
Le rapport d’enquête complet est disponible ici.
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