Les premiers chiffres d’Unia pour 2016 montrent une hausse sensible des discriminations présumées dans l’emploi et l’enseignement

21 Février 2017
Domaine d'action: EmploiEnseignement

Bruxelles, le 21 février 2017 - Unia dévoile ses premiers chiffres pour l’année 2016, une année marquée par une hausse généralisée de 20% des nouveaux dossiers ouverts pour des faits présumés de discrimination, de discours ou de délits de haine. Si les chiffres complets et définitifs ne seront communiqués qu’au mois de juin, une première tendance se dégage avec la nette augmentation des discriminations dans deux domaines : l’emploi et l’enseignement.

La hausse de 20% des dossiers ouverts en 2016 par Unia est significative et n’a jamais été aussi forte. Bien que ces chiffres ne représentent que les activités d’Unia, cela donne néanmoins des indications sur la réalité de la discrimination dans notre société.

Si tous les domaines et critères sont touchés par cette hausse, les premières analyses indiquent deux domaines où cela se marque davantage : l’emploi, qui connait une augmentation de 47% par rapport à 2015 et l’enseignement (+ 25%).

L’emploi : le miroir de la société

Entre 2015 et 2016, la plus forte hausse enregistrée dans le domaine de l’emploi concerne les dossiers de discrimination fondée sur l’âge. 106 dossiers ont été ouverts en 2016, soit une augmentation de 126% ! « À travers des cas emblématiques, médiatisés, nous avons mis cette problématique sur la place publique. Ce type de discrimination reste sous-estimé, pas pris au sérieux et, pire, presque socialement accepté. Et pourtant, avec le vieillissement de la population et l’allongement des temps de carrière, c’est un phénomène auquel il va falloir s’attaquer structurellement. »

Une autre discrimination en hausse et que permettent de mettre en lumière ces premières tendances dans l’emploi, c’est la discrimination en raison de l’état de santé des salariés (50 dossiers, soit + 60% par rapport à 2015).

L’emploi cristallise également les tensions visibles actuellement dans notre société. « Le rejet de l’autre, s’exprime aujourd’hui davantage et plus librement. Les paroles et les comportements racistes se libèrent. Le monde du travail n’échappe pas à cette polarisation de la société. », avance Patrick Charlier, co-directeur d’Unia. Les dossiers ouverts sur base de critères raciaux ou de conviction religieuse ont augmenté respectivement de 14 et 91%.

Enfin, comme pour le domaine de l’enseignement, les discriminations et le refus d’aménagements raisonnables pour les personnes en situation de handicap posent un réel problème d’inclusion. Entre 2015 et 2016, l’augmentation des dossiers est de 58%. Une urgence qui a incité Unia à sortir une nouvelle brochure sur cette thématique « Au travail avec un handicap ».

Enseignement : les aménagements raisonnables en question

Ce qui est frappant dans la hausse sensible des chiffres liés au domaine de l’enseignement, c’est de voir que le critère du handicap représente à lui seul 60% des nouveaux dossiers ouverts en 2016.

Entre 2015 et 2016, l’augmentation des dossiers ouverts au motif du handicap est de 40%, une tendance à la hausse continue depuis 2012. Pour Unia, l’explication est multiple : une prise de conscience des parents et des acteurs de terrain du concept d’enseignement inclusif tel que prôné par la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, plusieurs initiatives législatives tant en Flandre que du côté francophone, une meilleure connaissance des droits des élèves en situation de handicap. Il subsiste néanmoins aussi une certaine forme de résistance de certains acteurs non seulement au concept d’enseignement inclusif mais aussi aux demandes d’aménagements raisonnables. « C’est pour nous l’occasion de rappeler que, conformément à la législation antidiscrimination et à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, les enfants en situation de handicap ont le droit de s’inscrire dans une école dite d’enseignement ordinaire et d’y bénéficier d’aménagements raisonnables. », indique Patrick Charlier.

Après le critère du handicap, ce sont surtout des dossiers pour racisme et conviction religieuse (deux critères qui restent stables) qui ont été ouverts par Unia dans le domaine de l’enseignement.