Six membres du groupuscule d’extrême droite Nation condamnés
Une victoire contre la haine et le mépris
Le tribunal correctionnel de Bruxelles avait condamné en 2016 six membres du groupement Nation à des peines de prison (entre 9 et 18 mois), avec sursis et à des peines d’amende pour avoir porté des coups et blessures, en juin 2015, à l’encontre d’une personne notamment en raison de sa situation de sans domicile fixe, sur la place du Luxembourg à Bruxelles. Unia s’était constitué partie civile dans ce dossier.
C’était le 1er juin 2015 en marge d’une manifestation organisée en soutien aux sans-papiers. Nation avait alors organisé une opération appelée les « lundis de la légalité » invitant ses membres et sympathisants à venir chaque semaine place du Luxembourg afin d’empêcher les manifestations des sans-papiers. C’est alors que six membres du groupuscule d’extrême droite ont violemment agressé un SDF, d’origine polonaise, en face du Parlement européen. Filmé par un témoin de la scène, le tabassage avait circulé sur les réseaux sociaux. Les auteurs des faits avaient été interpellés rapidement.
Le tribunal correctionnel de Bruxelles a estimé que les coups et blessures ont été motivés notamment par la haine et le mépris parce que les auteurs se sont trouvées face à une personne qui cristallisait des caractéristiques contre lesquelles ils militaient au sein du groupe Nation, à savoir l’origine, l’état de fortune/l’origine sociale et des supposées convictions politiques puisqu’ils étaient convaincus qu’ils se trouvaient face à un « gauchiste » selon leurs propres mots.
Il ressort du dossier répressif que les membres du groupement Nation avaient repéré la victime parmi les manifestants et qu’ils s’étaient attablés à la terrasse d’un café où ils y imitaient des cris de singe au passage des personnes de couleur de peau noire.
« Les lois contre le racisme et les discriminations prévoient des peines plus lourdes (circonstances aggravantes) lorsque des coups et blessures sont commis avec un tel mobile abject. Ici, clairement, il s’agit d’une victoire contre la haine et le mépris », conclut Patrick Charlier, directeur d'Unia.
Appel en 2021
Un des prévenus, ex-leader du mouvement Nation, avait fait appel de cette décision pour contester la présence d’un mobile haineux dans cette agression. La cour d’appel de Bruxelles a néanmoins confirmé dans un arrêt du 27 janvier 2021 la décision rendue en 1ère instance en faisant siens les développements intéressants du premier juge.
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