‘La musique sert à accueillir et non à expulser’

16 Juillet 2014
Domaine d'action: Vie en société
Critère de discrimination: Racisme

Le bourgmestre de Landen veut déloger « en musique » un groupe de gens du voyage : réaction du Centre

Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances condamne le projet du bourgmestre de la ville de Landen de déloger un groupe de gens du voyage en diffusant de la musique à plein volume près du terrain où ils se sont arrêtés. « Le séjour temporaire des gens du voyage pose beaucoup de questions », explique Patrick Charlier, directeur adjoint du Centre. « Mais la réponse du bourgmestre de Landen est complètement inadmissible. Il s’agit d’un traitement violent et dégradant. Réserver la musique à l’accueil aurait été de loin préférable… »

En 2012, le gouvernement flamand a lancé un plan stratégique relatif à l’accueil des gens du voyage (‘Strategisch plan woonwagenbewoners 2012-2015’). Ce plan reconnaît le manque de terrains d’accueil pour ces groupes, de l’ordre de 80%. Il préconise d’une part l’aménagement de nouveaux terrains et d’autre part une approche plus coordonnée de l’accueil des gens du voyage. « Les événements de Landen nous rappellent que la mise en œuvre de ce plan stratégique n’a guère avancé », relève Patrick Charlier.  Il y a en Flandre quatre terrains d’accueil, soit le même chiffre qu’en 2012. Et ce malgré le fait que la Région flamande intervient financièrement dans l’aménagement de chaque place d’accueil supplémentaire. « Gérer, c’est d’abord prévoir. Si l’accueil de ces groupes n’est pas  prévu, il ne faut pas s’étonner que des problèmes surgissent lors de leur passage ».

Rappelons que la Flandre – contrairement à la Wallonie – reconnaît  l’habitat mobile comme un logement à part entière. Le Centre a adressé plusieurs recommandations à cet égard à la Région wallonne, concernant notamment les dispositions à prendre dans le Code wallon de l'Aménagement du territoire, de l'urbanisme et du patrimoine (futur Code du développement territorial) ainsi que le rôle des communes  en matière d’organisation des séjours.

Pour rappel aussi, il y a deux ans, la Belgique s’est vu condamnée par le Conseil de l’Europe pour non-respect de la Charte sociale européenne en matière d’accueil des gens du voyage, notamment parce qu’elle mettait trop peu de terrains à leur disposition.

En 2011, le Centre a publié une brochure sur l’organisation du séjour temporaire des gens du voyage à l’attention des pouvoirs locaux, en collaboration avec le Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms en Wallonie et le Kruispunt Migratie-Integratie. Elle résume les droits et les obligations de chacun et rassemble une série de bonnes pratiques indiquant comment le séjour temporaire des gens du voyage peut être organisé. « Il en ressort avant tout que les conflits peuvent être évités en prévoyant quelques simples dispositions pratiques, et que le dialogue reste le chemin le plus court vers l’apaisement des tensions », conclut Patrick Charlier.

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