Ne pansons pas les prisons, repensons la société
Le gouvernement fédéral souhaite investir pour les soins des personnes internées en prison. Unia rappelle que cette solution ne fait que légitimer les séjours dans les annexes psychiatriques des prisons. Pourtant, ces lieux de séjour vont à l’encontre de l’objectif de réinsertion des personnes avec un trouble psychique et/ou un handicap mental.
Unia a pris connaissance d’une communication du gouvernement fédéral : 5 millions d’euros vont être libérés pour désigner 116 prestataires de soins supplémentaires dans les prisons. Ce faisant, le gouvernement manifeste son intention d’harmoniser le soin prodigué aux personnes internées dans les prisons, avec le soin qui leur est prodigué dans les centres de psychiatrie médico-légale existants ou dans un autre établissement psychiatrique, et ce, en attendant que soient construits les trois nouveaux centres de psychiatrie médico-légale en 2027.
Or, ajouter du soin en prison pour les personnes internées ne fera que légitimiser leur séjour en ces lieux. Qui plus est, un séjour dont elles ne connaissent pas la fin.
- Rappelons que la date de création des trois nouveaux centres de psychiatrie médico-légale ne fait que reculer. L’échéance de 2027, sera-t-elle la dernière ?
- Rappelons que, même avec le soin, la prison reste un lieu fondamentalement délétère et anxiogène pour tous les détenus. Qu’en penser alors pour les personnes qui vivent avec un handicap mental et/ou un trouble psychique ?
- Rappelons que tous les lieux où séjournent les personnes internées sont saturés. Ne faudrait-il pas investir prioritairement le circuit régulier, ultime étape vers la liberté, pour fluidifier le circuit de soins de l’ensemble des personnes internées ?
- Rappelons que les objectifs de la loi de 2014 visent non seulement le soin, mais aussi la réinsertion. En quoi le soin, ici renforcé, favorisera-t-il l’autonomie et la réinsertion de la personne internée ?
Le constat est douloureux. Le nombre de personnes internées ne cesse d’augmenter en dépit des intentions initiales de la loi de 2014. Au niveau sociétal, les problèmes de santé mentale s’amplifient. Ne pansons pas les prisons mais repensons la société.
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