À propos de l’homophobie dans le sport …
Ce 10 juin 2009, le magazine Sport/Foot Magazine a publié les résultats d’un sondage réalisé auprès de 300 footballeurs de D1. Parmi ceux-ci, l’affirmation que « 67,8 % des footballeurs de D1 interrogés estime qu’il n’y a pas de place pour les homosexuels dans le football » a fait beaucoup de bruit. Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (le Centre) souhaite profiter de ce buzz médiatique pour mettre la question de l’homophobie dans le sport en perspective.
Dans le champ de l’égalité de traitement des lesbigays, la Belgique a fait d’énormes progrès ces dernières années (adoptions des lois relatives à l’anti-discrimination, au mariage homosexuel, à l’adoption par des personnes homosexuelles, …). Toutefois, on sait que les mentalités n’évoluent pas aussi vite que la législation et que la société a encore beaucoup d’a priori négatifs envers l’homosexualité. Le monde du sport n’échappe pas à la règle.
Une stratégie : interroger l’hétéronormativité
Via la presse nationale et internationale ou quelques signalements, le Centre a pu constater que, dans le milieu sportif amateur et professionnel comme dans beaucoup d’autres secteurs, les personnes homosexuelles préfèrent taire leur orientation sexuelle afin d’éviter la discrimination, les insultes, le harcèlement, les agressions, ….
Faire le choix de ne pas se révéler tel que l’on est afin de se protéger peut notamment s’expliquer par le caractère hétéronormatif de notre société. En effet, aujourd’hui encore, tout un chacun est supposé être hétérosexuel jusqu’à que cela ne soit pas explicitement infirmé. Or, les réactions suite à cette infirmation peuvent avoir parfois des conséquences catastrophiques pour les homosexuels et surtout dans certains secteurs où les stéréotypes liés à la féminité et à la masculinité ont la vie dure comme dans certaines disciplines sportives, par exemple.
Sans préjuger de la méthodologie utilisée pour réaliser cette enquête, le Centre ne peut que regretter les résultats publiés dans Sport/Foot Magazine. Ceux-ci tendent en effet à montrer que l’hétéronormativité est toujours bien présente dans le football et que l’on est encore loin d’un milieu ouvert à la diversité.
Des actions : recommander et sensibiliser
Pour le Centre, la question de la lutte contre l’homophobie dans le sport n’est pas nouvelle. Mais, la publication des résultats de l’enquête a l’intérêt de la remettre au devant de l’actualité. Jusqu’à il y a peu, l’homosexualité dans le sport était taboue. Aujourd’hui, elle est en débat.
A l’occasion des dernières élections, le Centre a plaidé auprès des Communautés compétentes pour que les fédérations sportives stimulent activement la lutte contre l’homophobie au sein des clubs afin d’assurer un environnement sportif respectueux de toutes les orientations sexuelles.
Le Centre compte poursuivre son travail dans ce domaine. Il va réfléchir au développement d’actions structurelles en collaborations avec le secteur associatif et les fédérations sportives et en s’inspirant des actions déjà menées en Belgique et à l’étranger. En plus, le Centre invitera l'Union Royale Belge des Sociétés de Football-Association pour voir si des actions communes pourraient être entreprises.
Enfin, le Centre reste bien entendu à la disposition de tout entraîneur ou tout joueur qui serait victime de discrimination au sein de son club et qui souhaiterait être aidé dans ses démarches.
Lire aussi
Articles comparables
[Opinion] EVRAS: chaque jeune a droit à un environnement scolaire sûr et à une éducation sexuelle
Pendant plusieurs semaines, les protestations contre l’EVRAS ont pris des formes alarmantes. Unia, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et le Délégué général aux droits de l’enfant s'inquiètent quant aux risques de cette désinformation qui impacte non seulement la communauté LGBTI+, mais aussi les femmes.
Plainte contre Dries Van Langenhove
Unia a déposé plainte contre Dries Van Langenhove auprès du parquet de Bruges avec çavaria, la coupole flamande des organisations LGBTI+, et Casa Rosa, la maison arc-en-ciel de Flandre orientale.
Don de sang pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) : nouvelle loi
Depuis le 1er juillet 2023, les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) peuvent donner du sang après 4 mois d'abstinence sexuelle. Auparavant, ce délai était de 12 mois. Pour Unia, il s'agit d'un pas dans la bonne direction mais le critère d’exclusion des HSH pour le don de sang doit disparaître le plus rapidement possible.
Défense des droits LGBTI+ : des bons points, mais une violence préoccupante
Malgré les avancées juridiques, les personnes LGBTI+ sont encore victimes de préjugés, d’insultes voire même de propos haineux au quotidien. Elles se font aussi injurier et menacer sur internet. Pour enrayer ce phénomène, Unia réclame plusieurs mesures à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie.