Mail en chaîne: “La famille Bouziane”

D'après ce mail en chaîne, la "famille Bouziane" reçoit un énorme montant mensuel en allocations sociales. Il s'agit d'un mail français qui a été repris en Belgique et dont les chiffres mentionnés ne correspondent pas à ceux d'application en Belgique.

Extrait du mail en chaîne

Des petits malins se sont amusés à calculer combien coûtait à la collectivité la famille Bouziane, l'Imam de Bruxelles, expulsé provisoirement par la Belgique après avoir déclaré que l'on pouvait battre sa femme.

Pour la polygamie, Monsieur Bouziane a déclaré : "J'ai déclaré à  la Maison Communale mon statut. Elle a accepté que ma deuxième femme me rejoigne en Belgique sans lui délivrer de carte de résidence. Mais comme nos enfants sont nés en Belgique, ils sont Belges. Du coup même si elle n'a pas de papiers elle ne peut pas être expulsée."

"Même si je critique l'Occident, je demande toujours aux musulmans qui m'écoutent de respecter la loi du pays où ils vivent. Je suis très heureux quand je vois des Belges se convertir à l'Islam car je sais qu'ils sont sur le droit chemin." 

Eric De Vos

SPF Affaires Intérieures
Instellingen en Bevolking
Rijksregister - Dienst Toepassingen
Koloniënstraat 11
1000 - Brussel

Analyse

Quelle est la validité de l'information?

Unia a reçu de nombreux signalements à propos de l’email en chaîne ‘La famille Bouziane. De nombreuses personnes qui ont reçu cet email se posent la question de la véracité des faits mentionnés dans la lettre.

Dans celui-ci, tout est fait pour faire penser que c’est le service public fédéral affaires intérieures qui diffusent le message aux citoyens. Ce qui n'est PAS le cas. Selon l’information dans le mail, la famille Bouziane soutire à la Belgique un énorme montant mensuel en allocations sociales.

Unia a été contacté par les affaires intérieures qui sont très embêtées par cette affaire. Le SPF affaires intérieures se distancie du contenu du mail. Le collaborateur des affaires intérieures qui est cité dans le mail a d’ailleurs, dès 2008, déposé plainte contre x auprès des services de police. Les affaires intérieures regrettent la diffusion de cet email en chaîne et trouvent que celui-ci nuit gravement au personnel et à l’image du SPF affaires intérieures.

Unia a déjà analysé cette lettre et a découvert à l’époque que le mail était originaire de France et n’avait donc aucun rapport avec la situation belge. Nous n’avons par contre pu retrouver ni l’auteur du mail, ni ceux qui l’ont traduit et diffusé. Nous avions pourtant à l’époque averti le parquet. Il semblerait aussi que par après, les coordonnées des affaires intérieures aient été ajoutées afin de rendre le message encore plus crédible.

Dans le mail, on peut se rendre compte de combien gagne par mois la famille Bouziane via les allocations sociales. Ce mail en chaîne vise donc à catégoriser cette famille, ainsi que l’ensemble de la communauté musulmane de profiteurs.

Un meilleur reflet de la réalité

Grâce à la collaboration de l’UNIZO (Unie van Zelfstandige ondernemingen), nous avons réalisé une simulation qui correspond plus à la réalité belge sur base des chiffres figurant dans la lettre (à interpréter avec prudence: une situation individuelle n’en est pas une autre et un calcul donné ne peut faire l’objet d’une généralisation). 

  • L’A.P.I. existe en France, mais pas en Belgique;
  • Sans connaître le système français, l’A.P.I. comporte des montants au profit des enfants ce qui entraîne le fait qu’aucune allocation familiale complémentaire n’est versée. Le montant cité (978,08 €) n’est en outre pas celui qui prévaut en Belgique, puisque pour 8 enfants, c’est un montant de 1.622,39 € qui est versé;
  • L’A.P.J.E. (allocation pour jeune enfant) à nouveau est typiquement française. Elle n’existe pas en Belgique;
  • L’allocation d'aide au logement, une fois de plus est française. Elle n’existe pas en Belgique;
  • Le revenu minimum d’existence est possiblement quelque chose auquel la personne en question a droit en Belgique (le CPAS attribue cette allocation si la personne satisfait aux conditions et après une enquête sur ses moyens d’existence minimaux). Le montant qui est mentionné (base + allocation/enfant) ne correspond une fois de plus pas à la réalité. Le revenu minimum d’existence en Belgique depuis le 1/10/2006 s’élève à 429,66 €/mois pour un cohabitant, de 644,48 € pour un isolé et de 859,31 € pour une personne qui cohabite avec une famille qui est à sa charge;
  • Le montant de la participation récemment votée aux frais scolaires est également totalement inexacte. Cela représente en Belgique une prime unique pour les enfants nés entre le 1er janvier 1989 et le 31 décembre 2000. Les enfants de 6 à 12 ans (nés entre le 1er juillet 1994 et le 31 décembre 2000) reçoivent une prime unique de 50 €. Les enfants de 12 à 17 ans (nés entre le 1er janvier 1989 et le 30 juin 1994) reçoivent une prime unique de 70 €.

En BeIgique donc, une personne peut recevoir au maximum un montant de 859,31 € de revenu minimal d’existence + 1.622,39 € d’allocations familiales pour 8 enfants. Une enquête de la Ligue des Familles fait apparaître que le coût moyen pour un enfant s’élève à 377,63 €/mois ce qui porte ce montant à 3.021,04 € pour 8 enfants. L’allocation familiale ne peut dès lors absolument pas être considérée comme un revenu.

UNIZO note également que l’email n’utilise qu’une nomenclature française pour les allocations, ce qui d’une manière ou d’une autre laisse supposer qu’il est de provenance française.

Conclusion

Présenter les étrangers comme des profiteurs exclusivement avides de la générosité de notre système social et l’utilisation de l’argumentation du bouc émissaire peut être qualifié d’incitation à la haine, à la discrimination ou à la violence conformément à l’article 20, 4°, de la loi du 30 juillet 1981. Ce mail en chaîne tombe sans conteste sous le coup de cette loi.

Le tribunal correctionnel d’Anvers a condamné le 16 décembre 2005 des individus à une amende effective pour la diffusion d’un texte raciste via un email.

En raison du caractère raciste de ce mail en chaîne, Unia demande expressément de ne pas poursuivre sa diffusion si vous le recevez.