Condamnation d’une grave agression routière, le motif de haine reconnu

3 Novembre 2020
Domaine d'action: Vie en société
Critère de discrimination: Racisme

Le tribunal correctionnel d’Anvers a rendu ce 2 novembre 2020 son jugement dans une grave affaire d’agression routière. Le prévenu a été reconnu coupable et a été condamné à une peine de prison de 30 mois et à une amende de 1.600 euros pour coups et blessures volontaires. Unia a estimé le dossier suffisamment grave pour se constituer partie civile.

Selon le juge, le prévenu a délibérément foncé sur l’une des victimes. Le juge a également invoqué les circonstances aggravantes : l'homme avait proféré des propos racistes à l’encontre du couple. Le motif de la haine a donc été reconnu.

La peine a été prononcée avec un sursis sous conditions. La personne condamnée doit accepter un accompagnement psychologique et suivre un cours de contrôle de l'agressivité.

« Nous voulions attirer l'attention sur l'existence d'un motif de haine dans cette agression routière », explique Patrick Charlier, directeur d'Unia. « Nous avons estimé que le prévenu avait clairement fait preuve de mépris, de haine et de violence envers les victimes et qu’il était mû par des sentiments racistes. Des témoins ont fourni la preuve du motif de haine. Pour nous, ce n'était pas un cas ordinaire d'agression routière. » 

Les faits, qui ont été portés devant le juge, datent du 13 septembre 2019. Les victimes, un homme et son épouse, avaient pris leur voiture pour aller récupérer leurs enfants à l'école. Sur le Binnensingel et la Grote Steenweg à Berchem (Anvers), il y a eu plusieurs incidents de circulation entre le couple et le prévenu. Ce dernier a fait preuve d'un comportement de conduite inadapté et agressif. Finalement, le mari a été agressé par deux fois par le prévenu. Le chauffeur agressif a également tenu des propos racistes à l'égard du couple : « Retourne dans ton pays », auquel le mari a répondu qu'il était né ici et qu'il y resterait. À cela, le prévenu a répondu : « Et bien restez, ensuite vous pouvez venir nettoyer mon appartement, c'est la seule chose pour laquelle vous êtes bon. »

L’agresseur a heurté le mari avec sa voiture, lui cassant plusieurs côtes. La victime subit encore les conséquences plus d'un an après les faits. Tant son épouse que lui-même avaient besoin d’une aide spécialisée. L’épouse était en effet enceinte au moment des faits. Les deux victimes font maintenant preuve d'un comportement d'évitement, sont devenues peu sûres d'elles et ont peur de sortir.

« Nous sommes très satisfaits de notre collaboration avec la police d'Anvers dans ce dossier », déclare Patrick Charlier. « La police a orienté les victimes vers Unia, et les efforts des services d'accueil et d'aide aux victimes ont également fait du bon travail. Il est important de mieux enregistrer ce type de délits haineux. Actuellement, nous n'avons en effet pas encore une vue suffisante sur l'ampleur du phénomène. Nous plaidons, entre autres, pour la centralisation de ce genre de dossiers auprès du magistrat de référence pour les discriminations et les délits de haine. Pour une plus grande attention aussi aux besoins et exigences spécifiques des victimes et pour l’élabortion de projets d'apprentissage pour les auteurs de délits de haine. »

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