Les agressions à caractère homophobe encore sous-estimées

18 Janvier 2012
Critère de discrimination: Orientation sexuelle

Nouvel outil et projets en cours
Deux faits d'actualité de ce mercredi 18 janvier nous rappellent que le sous-rapportage des agressions, mais aussi du harcèlement et des discriminations dont sont victimes les personnes homosexuelles, reste un phénomène préoccupant et largement sous-estimé.

Ce matin, le tribunal correctionnel d'Anvers a rendu son jugement dans un dossier d'agression à l'encontre d'une personne homosexuelle qui s'est déroulée en 2010 dans le village de Wuustwezel. Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, qui s'était constitué partie civile dans cette affaire, avait demandé une requalification des faits tenant compte du caractère homophobe de l'agression. Rappelons qu'en vertu de la loi Antidiscrimination, le caractère homophobe d'une agression peut être considéré comme circonstance aggravante de coups et blessures portés à une personne et permet au juge de prononcer une peine alourdie (lire aussi à ce sujet notre communiqué du 3 mars 2011: Agressés parce qu’ils se tenaient par la main).

Les circonstances aggravantes n'ont dans ce cas pas été retenues contre les agresseurs, dont l'un a toutefois été condamné à une peine de travail de 150h (ou une peine d'emprisonnement subsidiaire d'un an) et le second a bénéficié du doute. "Cela ne fait que renforcer notre conviction qu'il faut continuer à travailler sur une réelle politique de prévention et une meilleure sensibilisation aux dispositifs légaux en place", explique Edouard Delruelle, directeur adjoint du Centre. "Seule une petite partie des crimes de haine sont signalés à la police. Or les conséquences que provoquent chez les victimes ces agressions, parfois extrêmement violentes, sont loin d'être anodines. Il reste donc nécessaire d'encourager le dépôt et le traitement efficient de plaintes en cas d’agression, d'incitation à la haine ou de discrimination."

Ce matin également, le mouvement Outrage!, récemment constitué suite à une autre agression homophobe en juin 2011, présentait à la presse une nouvelle application pour smartphones permettant aux personnes lesbigays de signaler instantanément toute agression verbale ou physique subie en raison de leur orientation sexuelle. L'application a été conçue avant tout comme instrument de sensibilisation. Il ne remplacera pas une plainte officielle à la police ou un signalement auprès du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme mais pourra éventuellement être complémentaire à ces démarches et devrait contribuer à mieux appréhender un phénomène actuellement sous-estimé.

Rappelons qu'en 2010, seuls 4 dossiers d’agression homophobe ont été identifiés auprès des parquets belges, la police ayant pour sa part enregistré une cinquantaine de plaintes. Leur nombre ne correspond que partiellement à la réalité.

Pour lutter contre ce phénomène, le Centre travaille sur plusieurs fronts. Il mène des actions de sensibilisation des victimes (voir entre autres www.signale-le.be) et les accompagne dans leurs démarches. Il organise des formations pour divers intervenants et planche actuellement, en collaboration avec la police et la justice, sur un nouveau format de procès-verbal permettant de mieux qualifier les faits. Il réfléchit également à des peines alternatives spécifiques pour les agresseurs mineurs au moment des faits. Enfin, il collabore avec de nombreux acteurs de terrain et mène avec eux des actions et une réflexion communes sur l'ensemble des discriminations basées sur l’orientation sexuelle.

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