Pas d’améliorations majeures dans la vie des personnes en situation de handicap
Le 3 décembre 2019, Journée internationale des personnes handicapées, Unia lançait une consultation afin de donner la parole aux personnes handicapées sur 10 grands thèmes. 1 144 personnes en situation de handicap y ont répondu. Un an après le lancement de la consultation nous pouvons dévoiler les résultats.
Le but de la consultation? Identifier les obstacles rencontrés par ces personnes dans l’exercice de leurs droits afin d’orienter le travail d’Unia et d’alimenter le rapport parallèle destiné au Comité des droits des personnes handicapées (ONU) dans le cadre de la deuxième évaluation de la Belgique.
Les 10 thèmes abordés ? L’enseignement, l’emploi, l’accessibilité, le choix du lieu de vie, le niveau de vie, la participation à la vie politique et publique, la vie relationnelle, affective et sexuelle, la participation à la vie culturelle et récréative, le respect de l’intégrité physique et psychique et enfin, l’image du handicap.
Le constat ? La plupart des répondants déclarent qu’il n’y a pas eu de progrès majeurs depuis ces dernières années et témoignent de nombreuses difficultés dans l’exercice de leurs droits. Parmi celles-ci, figurent en tête de leurs préoccupations l’accès à un niveau de vie décent et l’image du handicap dans la société.
Pas d’inclusion sans revenu décent
“60% des répondants déclarent que leur handicap les empêche d’avoir un niveau de vie décent, leur permettant de se nourrir, de s'habiller et de se loger correctement”, explique Patrick Charlier, directeur d’Unia. « Ils relatent que les frais supplémentaires inhérents à leur handicap sont extrêmement élevés et que les allocations qu’ils perçoivent leur permettent uniquement de survivre. »
En Belgique, le taux d’emploi des personnes handicapées est très faible. De plus, elles occupent souvent des emplois plus précaires ou à temps partiel. Or, souligne Patrick Charlier, « sans un niveau de vie correct, ces personnes ne peuvent vivre dans un lieu qu’elles ont choisi et avec qui elles veulent, nouer des relations avec autrui ou bien encore avoir des loisirs. »
Des stéréotypes à la violence
61% des répondants affirment que le regard des autres sur leur handicap les empêche de vivre comme ils le souhaitent. Dans la rue, à l’école, au travail, dans les médias, jusque dans leur vie affective et sexuelle, le handicap déclenche automatiquement un déroulé de clichés, d’incompréhensions, de non-droits, mais aussi de violence. « Elles en ont assez d’être dévalorisées, maltraitées et perçues comme un “groupe à part” », commente Patrick Charlier.
À présent, aux autorités d’agir
Face à ces constats inquiétants, Patrick Charlier demande aux autorités belges de fournir sans plus tarder de gros efforts afin de rendre effectifs les droits inscrits dans la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées.
En savoir plus ? Toutes les recommandations et témoignages sont disponibles dans le rapport de la consultation.
Quelques témoignages
« Nous devons encore financer nous-mêmes beaucoup trop de trucs médicaux, ce qui nous oblige à fonctionner avec des plans de remboursement. La majeure partie de l’allocation est consacrée à des coûts médicaux non remboursés. Nous tombons ainsi dans la pauvreté et je dois aller tous les mois à la banque alimentaire. Plus question de faire une petite sortie ! C’est une belle vie que nous avons ! Parfois, je voudrais ne plus être là ! »
« J’ai peu de choix : soit je cohabite avec un partenaire et je n’ai pas de revenu, soit je vis avec ma famille et je n’ai pas de revenu, soit je vis seul avec un revenu inacceptable qui me permet seulement de payer un petit appartement mal entretenu. »
« Le pire c'est quand on s'adresse à mon compagnon au lieu de me parler. Mon dos va mal, ma colonne va mal, mes jambes vont mal mais mon cerveau fonctionne. »
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