Agression d’un couple homosexuel : motif homophobe retenu grâce à un témoignage-clé
Le tribunal correctionnel de Liège a condamné l’agresseur d’un couple homosexuel à une peine de 12 mois d’emprisonnement avec un sursis de 3 ans et un dédommagement de 4.000 euros aux victimes, pour coups et blessures avec la circonstance aggravante du mobile homophobe. Unia se félicite que le motif discriminatoire ait été retenu.
En novembre 2019, alors qu’il quitte un mariage et se dirige vers son véhicule, un couple de personnes homosexuelles se fait violemment agresser par un jeune homme qui pousse l’une d’entre elles au sol et la roue de coups à la tête et sur le corps. La victime se retrouve avec le nez cassé, une commotion cérébrale et de nombreux hématomes et contusions. Egalement très marquée psychologiquement, elle est en incapacité de travail pendant de longs mois.
Les victimes n’ont initialement pas compris les raisons de l’agression. Mais un témoin indépendant présent lors des faits a déclaré que le prévenu avait tenu des propos homophobes (« gros PD », « grosses tapettes »), pour ensuite les agresser sans motif. L’agresseur a prétendu ne pas bien se souvenir des faits car il était en état d’ébriété, et a réfuté le mobile haineux. Le tribunal ne l’a pas entendu de cette oreille. Grâce aux déclarations du témoin, l’agresseur a écopé d’une peine de 12 mois d’emprisonnement avec un sursis de 3 ans. Il doit également respecter un certain nombre de conditions, dont celle de gérer sa violence par le biais d’une formation auprès d’une association compétente en la matière. Les victimes ont obtenu un dédommagement de 4.000 euros.
Les témoins permettent non seulement de pouvoir prouver les faits, mais aussi de soutenir la victime dans la nécessité d’entreprendre des démarches auprès des autorités judiciaires, comme le soulevait le dernier rapport de la Fondation Roi Baudouin sur le parcours des victimes de délits de haine. Des recherches ont déjà démontré que les auteurs de délits de haine se sentent encouragés à passer à l’acte lorsqu’ils ont le sentiment que personne ne réagira en raison du contexte social, ce qui souligne d’autant plus le rôle primordial des témoignages.
“Les signalements liés à l'orientation sexuelle que nous recevons à Unia sont beaucoup plus violents que les autres : on dénombrait 26,8 % de coups et blessures parmi les actes de haine pour ce critère, contre 14,7 % pour les critères dits raciaux. Nous nous félicitons donc que de tels faits de violence homophobe soient sanctionnés. Ce jugement va dans le sens de nos recommandations pour lutter contre le classement sans suite des délits de haine”, conclut Patrick Charlier, directeur d’Unia.
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