L’homophobie au travail n’est pas assez prise au sérieux
Unia a ouvert en 2019 un nombre record de dossiers concernant des discriminations de personnes LGBT. Pour la première fois, c’est au travail que nous observons le plus de cas, devant les messages de haine dans les médias et les agressions en rue.
A l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie (17 mai), Unia lève le voile sur une partie de ses chiffres 2019. Nous avons ouvert 133 dossiers de discriminations à l’encontre des personnes LGBT, dont 35 concernait des lesbigays discriminés ou harcelés sur leur lieu de travail.
“L’homophobie au travail n’est pas assez prise au sérieux. Certains employeurs ne se rendent pas compte de l’impact de comportements discriminatoires, de blagues récurrentes, de harcèlement... Les personnes LGBT en souffrent et font de plus en plus appel à Unia”, explique Patrick Charlier, directeur d’Unia.
En 2019, Unia a ouvert des dossiers concernant les relations conflictuelles avec les collègues ou avec un supérieur, l’organisation et les conditions de travail. Ils concernent tous les secteurs : enseignement, hôpitaux, forces de l’ordre... La réalité est encore plus inquiétante. De nombreux cas de discriminations ne sont pas encore signalés à Unia. L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne dévoile dans sa dernière enquête qu’une personne LGBTI sur cinq s’est sentie discriminée sur son lieu de travail au cours de l’année écoulée.
Sanctionner l'homophobie
Unia est allé trois fois en justice en 2019 pour des cas d’homophobie. Et tout récemment, une affaire tranchée par le tribunal de travail de Bruxelles vient encore de mettre en lumière et de sanctionner un comportement de harcèlement homophobe au travail. “Les décisions de justice sont essentielles pour rappeler que les discriminations et le harcèlement sont interdits par la loi”, rappelle Patrick Charlier.
Le confinement empire la situation
La Belgique, malgré les avancées sur le plan d’une égalité de droit effective, a encore beaucoup de progrès à faire en matière de sensibilisation de la population. La période actuelle de crise nous le rappelle tristement. “Depuis le début du confinement, Unia a reçu des signaux qui attestent d’une recrudescence de la violence intrafamiliale vis-à-vis des jeunes homosexuel·le·s. Des jeunes lesbigays se trouvent coincés dans un milieu anxiogène, ce qui ajoute encore aux pressions du confinement. Cela entraîne des tentatives de suicide, d’automutilations, ainsi que de l'automédication, et des comportements addictifs à l’alcool”, regrette Patrick Charlier.
Ces sensibilisations doivent commencer tôt, dès l’école. Le monde de l’entreprise, où les cas de harcèlement homophobe sont trop souvent minimisés, doit aussi réagir fermement.
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