Lutter contre le racisme : plus que jamais d’actualité en Belgique

21 Mars 2020
Domaine d'action: Tous les domaines
Critère de discrimination: Racisme

En 2019, Unia a ouvert un nombre croissant de dossiers liés au racisme. Cette tendance qui se confirme depuis plusieurs années donne tout son sens à la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale du 21 mars. À cette occasion, Unia plaide pour une approche globale et épingle plusieurs recommandations du nouveau rapport de l’ECRI. 

Le racisme reste une réalité en Belgique en 2020. Chaque année, c’est le premier critère pour lequel Unia est saisi. Chaque année, Unia ouvre 10% de dossiers en plus pour des faits de racisme. Chaque année, plusieurs dizaines de condamnations pour racisme sont prononcées par les tribunaux.  En 2019, nous avons atteint 951 dossiers, un record. « La persistance de ces chiffres illustre le caractère systémique et structurel des discriminations raciales », explique Patrick Charlier, directeur d’Unia. 

Les chiffres 2019 d’Unia le confirment : le racisme s’exprime dans tous les secteurs de la société belge. Dans le logement, il prend la forme de refus de location. Sur les réseaux sociaux, les discours à caractère raciste se multiplient et représentent plus de la moitié des dossiers ouverts par Unia pour ce domaine. Au travail, ce sont principalement les relations avec le chef, les collègues ou les clients qui posent question, à côté des refus d’embauche et des licenciements qui continuent de peser sur les personnes d’origines étrangères.

Plus récemment, la pandémie du coronavirus a également suscité des réactions racistes. C’est maintenant qu’il faut agir. 

Une approche globale 

« Lutter contre le racisme et les discriminations raciales implique à la fois une connaissance fine des différentes formes qu’il peut prendre : antisémitisme, afrophobie, antitsiganisme, xénophobie, racisme anti-musulman, intersectionnalité mais aussi une approche et des mesures globales telles que la mise en œuvre d’actions positives, de tests de situation, etc. », rappelle Patrick Charlier. 

Dans cet esprit, Unia se félicite de la volonté affichée de mettre en place une Conférence interministérielle pour lutter contre le racisme réunissant tant le niveau fédéral que celui des entités fédérées. Peut-on espérer voir enfin l’adoption d’un Plan interfédéral de lutte contre le racisme ambitieux, près de 20 ans après la conférence mondiale de Durban ?  

Unia rejoint les recommandations de l’ECRI 

La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) exprime aussi cette nécessité d’une approche globale et de coopérations à différents niveaux dans son 6ème rapport sur la Belgique.  

Elle demande notamment aux autorités de collectiviser et d’affiner le recensement et l’encodage des actes racistes par la police et le ministère public. Unia aussi est convaincu que des données statistiques fiables en matière de faits et de messages racistes permettraient de lutter plus efficacement et de manière plus ciblée contre les discriminations.  

« Être une personne d’origine étrangère est encore un handicap sur le marché de l’emploi et l’ethnostratification reste une réalité. Les évolutions positives sont réelles mais bien trop lentes », regrette Patrick Charlier en citant le Monitoring socio-économique d’Unia et du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale publié début mars. Sensible à cette réalité, l’ECRI demande aux autorités de collaborer avec les employeurs pour améliorer les chances des migrants sur le marché du travail (actions positives, meilleure reconnaissance des diplômes…). 

Unia porte également une attention particulière au respect des droits fondamentaux des gens du voyage, trop souvent stigmatisés. L’ECRI recommande aussi aux autorités d’adopter une démarche intégrée pour résoudre les problèmes d’accès au logement de ce groupe de la population.