Jonatas et Tim témoignent : « toutes les démarches que l’on a entreprises valaient vraiment la peine »

12 Mai 2021
Domaine d'action: Vie en société
Critère de discrimination: Orientation sexuelle

Quand Jonatas et Tim ont été victimes de violences homophobes, ils ont décidé d’entreprendre les démarches nécessaires : ils ont sollicité l’aide d’Unia et de la police. Deux ans après, les auteurs ont été condamnés par le tribunal. Voici leur témoignage.

« Le 8 septembre 2018, nous sommes allés avec quelques amis au snack « Het Hoekske » à Louvain. On avait fini de manger lorsque l’un des employés du snack s’approche de nous et nous dit « qu’on avait l’air très homo ». On lui demande pourquoi il fait ce commentaire, tout en ajoutant que l’on est mariés. Immédiatement, les employés du snack ont commencé à nous agresser, physiquement et verbalement, devant la porte de leur restaurant. On a été frappés plusieurs fois, et on a reçu plusieurs coups de pied ; l’un de nous a souffert d’une commotion cérébrale. Nous avons décidé de porter plainte, et nous avons été accompagnés par Unia. Le 10 mars 2021, nous avons reçu le jugement du tribunal. Il y est clairement reconnu que leur acte était un crime de haine, pour lequel ils sont condamnés. »

Pas la première fois

« Il nous arrive souvent d’être confrontés à des micro-agressions homophobes, que ce soit verbalement ou par des regards. Comme toutes les minorités, nous apprenons à vivre avec et à ne pas leur accorder trop d’attention pour continuer à vivre dignement. Mais cette fois-ci, c’était différent. »

« Cela devrait être choquant d’être haï juste à cause de notre orientation sexuelle. »

« Ce n’est pas la première fois que l’un de nous est agressé physiquement à cause de son orientation sexuelle. La première fois que c’est arrivé, la police n’a rien fait et les auteurs n’ont pas été poursuivis. Quand c’est arrivé cette fois-ci, on n’était même pas vraiment surpris. Et ce n’est pas normal : cela devrait être choquant d’être haï juste à cause de notre orientation sexuelle. Ce qui nous est arrivé a des conséquences psychologiques et influence notre manière d’être dans l’espace public. Encore aujourd’hui, nous n’arrivons pas à être à l’aise en tant que couple dans l’espace public. Heureusement pour nous, les séquelles physiques ont disparu mais la réparation psychologique d’une telle agression est longue et difficile. »

Les conseils de la famille et des amis

« Nous n’avons jamais eu le moindre doute que l’homophobie était la raison de l’agression. Nous étions sous le choc de ce qui venait de nous arriver, mais nous avons décidé tout de suite d’entreprendre des démarches : nous avons appelé la police et demandé des conseils à nos familles et amis. C’est eux qui nous parlé d’une organisation en Belgique qui s’occupe d’aider les minorités et les victimes de toute forme de discrimination. Unia a été une aide précieuse dans notre quête de justice. Plus de deux ans après notre plainte à la police, nous avons enfin un jugement. Il a fallu être persévérant, et passer très souvent au-dessus de notre envie de toute arrêter. Mais finalement, toutes les démarches que nous avons entreprises valaient vraiment la peine. »

« Unia a été une aide précieuse dans notre quête de justice. »

Notre voix a été entendue

« Malgré la longue attente, le jugement du tribunal nous donne le sentiment que notre voix a été entendue, que justice a été faite et que nous avons notre place dans la société. On peut maintenant laisser cette histoire derrière nous. »

« Nous encourageons les personnes qui vivent une situation similaire à se défendre. À défendre leur légitimité en tant qu’individu, peu importe leur origine ethnique, leur orientation sexuelle, leur croyance religieuse ou leur genre. »

« Nous comprenons que cela peut être difficile pour les victimes de discrimination d’en parler : par peur, honte, ou par crainte de ne pas être pris au sérieux. Mais nous pensons aussi que la violence verbale ou physique n’est jamais une solution valable pour résoudre un conflit. Nous encourageons les personnes qui vivent une situation similaire à se défendre. À défendre leur légitimité en tant qu’individu, peu importe leur origine ethnique, leur orientation sexuelle, leur conviction religieuse ou leur genre. Nous voulons que notre histoire montre qu’il est possible de voir les auteurs de crimes de haine être punis pour leurs actes. »