Il faut un nouveau plan d’action ambitieux contre l’homophobie

17 Mai 2021
Domaine d'action: Tous les domaines
Critère de discrimination: Orientation sexuelle

« Il faut un nouveau plan d’action ambitieux pour lutter contre l’homophobie et la transphobie », déclare Patrick Charlier, directeur d’Unia, à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. « Un nouveau plan d’action est souhaitable et indispensable. Pas seulement pour lutter contre les violences homophobes, mais aussi pour que l’homosexualité ne soit plus un tabou à l’école, sur le lieu de travail et dans tous les domaines de la société. » 

Il faut impliquer les associations de défense des droits des personnes LGBTI+. « En Flandre, il existe des plans d’action Arc-en-ciel dans certaines villes : il serait intéressant de s’en inspirer », suggère Patrick Charlier. « Il existe au sud du pays des réseaux de lutte contre le l’homophobie : les administrations locales travaillent avec ces réseaux pour mener des actions communes. » 

Après le meurtre d’Ihsane Jarfi et de Jacques Kotnik, les différents gouvernements du pays ont lancé en 2013 un plan d’action contre les violences homophobes et transphobes. Ce plan comprenait six priorités : le développement des connaissances, l’amélioration de la législation, l’amélioration de la prévention, la sensibilisation, le développement de l’aide aux victimes, et une politique efficace pour le suivi et la poursuite des faits par la police et les procureurs. Pour la période 2018-2019, un Plan Interfédéral contre les violences envers les personnes LGBTI avait été élaboré: « Il est important d’évaluer les plans déjà mis en place, et de savoir dans quelle mesure ces plans ont fait la différence », estime Patrick Charlier. 

Mieux poursuivre les crimes de haine 

Au parlement des voix s’élèvent pour demander une révision de l’article 150 de la Constitution, pour que tous les discours de haine soient poursuivis de la même façon. C’est indispensable pour mieux poursuivre les faits de violence homophobe. Pour le moment, de nombreux faits ne sont pas poursuivis car ils devraient être traités devant une cour d’assises, ce qui dans la pratique n’arrive pas. « L’impunité des discours de haine homophobes ne peut plus durer. Il est inacceptable qu'aucune poursuite ne soit engagée pour incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination à l’encontre des personnes LGBTI+, dans les médias ou via internet », estime le directeur d’Unia. « La diffusion d'idées homophobes devrait être considérée comme une infraction pénale. »  

Cependant, les violences homophobes les plus souvent rapportées concernent les agressions verbales dans l’espace public (insultes), qui ne sont pas considérées comme un crime lorsqu’elles sont prononcées à l’encontre de citoyens ordinaires. 

109 dossiers en 2020  

En 2020, Unia a enregistré pas moins de 406 signalements de discrimination sur base de l’orientation sexuelle. Chaque signalement ne fait pas l’objet d’un dossier : Unia a ouvert l’année passée 109 dossiers sur base du critère de l’orientation sexuelle. C’est 18 % de moins qu’en 2019 (année record avec 133 dossiers). Ce chiffre est stable quand on le compare avec la moyenne des cinq dernières années (+1,3 %). Près de deux tiers de ces dossiers concernent des hommes. 

L’année passée, les dossiers concernaient principalement la vie en société (31), l’emploi (27) les médias (24) et les biens et services (12). 49 faits concernaient des discours de haine, tandis que 41 dossiers étaient liés à des crimes de haine basés sur l’orientation sexuelle. 

« Il ne faut pas que la diminution du nombre de dossiers donne une impression erronée : les chiffres ne montrent qu’une partie de la réalité », souligne Patrick Charlier. « Pour différentes raisons, de nombreux faits d’homophobie et de violence à l’égard des personnes homosexuelles ne sont pas signalés et répertoriés. Nous encourageons bien sûr les personnes LGBTI+ à signaler ces faits. Ils peuvent le faire à la police, à Unia, ou auprès d’associations LGBTI+, et parfois aussi dans des points de contact locaux dans les administrations des villes et communes. Les agressions graves doivent toujours être signalées à la police. Chaque signalement permet d’améliorer les politiques de lutte contre l’homophobie. Une approche efficace pourra être mise en place grâce à une bonne perception de la réalité des faits de discrimination et d’homophobie. » 

Unia propose aux victimes de violences homophobes un accompagnement sous la forme de conseils et peut se porter partie civile dans certains dossiers. Nous constatons que les dossiers de violences homophobes débouchent sur des condamnations : un cas de gaybashing à Zele (Flandre orientale), une grave agression contre un couple à Louvain et la condamnation par le tribunal de première instance de Charleroi dans l’affaire d’un jeune homosexuel de 15 ans (battu et maltraité par sa famille) qui avait subi des traitements inhumains. 

Le concours #DonneMoi1Minute : des vidéos faites par les élèves du secondaire 

Dans la lutte contre l’homophobie, Unia va plus loin que le traitement des signalements et des dossiers. En partenariat avec çavaria et Arc-en-Ciel Wallonie, nous travaillons aussi sur la prévention et la sensibilisation, notamment auprès des jeunes. Nous lançons notre concours annuel #DonneMoi1Minute pour encourager les écoles secondaires à aborder les questions liées aux LGBTI+. Le concours invite les enseignant·e·s et leurs élèves à créer un film d’une minute sur ce thème. Les classes peuvent gagner différents prix sous forme d’une somme d’argent pour soutenir des projets concrets pour aider les jeunes et lutter contre l’homophobie à l’école. Nous mettons à disposition des enseignant·e·s une boite à outils pédagogiques (créés par d’autres organisations) pour aborder l’orientation sexuelle en classe. 

Notes : 

LGBTI+ est l’acronyme de lesbienne, gay, bisexuel, transgenre et intersexe (et autres). 

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